Photo : Slimene SA. Consolidation de la démarche consensuelle, amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs et préservation de l'outil de production. Ce sont ces mots qui revenaient tel un leitmotive à chaque intervention des trois partenaires : gouvernement -UGTA - patronat. Réunis hier à la résidence El Mithak à l'occasion de la tenue de la 13e édition de la tripartite, les signataires du pacte économique et social se sont engagés à fédérer leurs efforts pour sortir de cette réunion, tant attendue autant par les travailleurs que par le patronat, avec des solutions à même d'assurer un équilibre socio- économique qui satisfera toutes les parties. Les travaux se dérouleront en non-stop et à huis clos. Les résultats seront, précise le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, communiqués aujourd'hui dans la matinée lors d'une conférence de presse. Si l'on tient compte des déclarations des uns et des autres, il y a lieu de constater que les trois partenaires se sont d'ores et déjà mis d'accord sur plusieurs dossiers inscrits à l'ordre du jour de cette rencontre. Sept points figurent dans la feuille de route de cette session dont le premier a trait aux récents développements économiques sur la scène nationale. Les trois acteurs ont convenu dans ce cadre de faire un état des lieux de l'économie nationale face à la crise mondiale, étudier l'impact de la loi de finances complémentaire pour 2009 et de revenir sur les appuis aux entreprises locales des secteurs ainsi que d'établir les contours du nouveau programme quinquennal d'investissements publics. Le deuxième point est relatif au bilan et perspectives du dispositif de facilitation de départ à la retraite avant l'âge légal. Les partenaires se sont penchés par la suite sur l'étude du dossier concernant les allocations familiales sur lequel le gouvernement et le patronat pourraient buter. Si cette fois-ci le gouvernement est déterminé à se dégager de la charge du versement des allocations familiales, une décision très appuyée par la centrale syndicale, le patronat tergiverse, arguant que les entreprises nationales ne pourront supporter une telle charge à laquelle s'ajoutera la revalorisation du SNMG. Le pacte économique et social sera discuté à l'avant- dernière phase des pourparlers. Il est question de faire l'évaluation et de tracer les perspectives. La réévaluation du salaire minimum garanti est laissée pour la fin des travaux. Il est utile de souligner dans ce cadre que le SNMG est exclusivement fixé par le chef de l'Etat. Selon des échos, il est fort possible que le SNMG passera de 12 000 à 15 000 DA. On le saura, en tout cas, aujourd'hui. AHMED OUYAHIA : «LANCEMENT DES GRANDS PROGRAMMES PUBLICS POUR AMÉLIORER LE BIEN-ÊTRE DE LA POPULATION» Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a tenu de prime abord, lors de son intervention, à réitérer la disponibilité du gouvernement de consolider le cadre de la concertation et le dialogue. Il a indiqué que l'Algérie «peut actuellement engager de grands programmes publics pour améliorer le bien-être de sa population, offrir des plans de charges massifs aux entreprises et améliorer les conditions de ses travailleurs ». Cependant, le Premier ministre a tenu à souligner que cette politique ne peut être «fructueuse et surtout durable à terme qu'au prix de réformes à approfondir, d'un consensus plus solide autour de l'intérêt national, et d'efforts pour gagner la bataille de la qualité et la compétitivité». Et d'ajouter : «C'est à ce prix et à ce prix seulement que nous atteindrons le statut de pays émergent et que nous garantirons la viabilité à terme de notre politique sociale au bénéfice de notre peuple». Evoquant le pacte social, le Premier ministre a prôné la préparation de sa reconduction dès l'année prochaine. Le gouvernement, ajoute M. Ouyahia, se « doit encore de réaliser lui-même, pour asseoir pleinement l'environnement requis pour la réussite du développement économique et pour donner à notre politique sociale toute la plénitude qui doit être la sienne, y compris…la revalorisation du salaire minimum garanti ». Toutefois, il est primordial, selon lui, de prendre en considération les enjeux et les aléas de la mondialisation. Aussi, il a rappelé que la particularité de cette tripartite réside dans le fait qu'elle intervient dans une conjoncture économique marquée par une crise mondiale qui n'a pas été sans effet sur l'économie nationale. Celle-ci, explique-t-il, « a sérieusement réduit les recettes du pays, à la suite de la chute des prix du pétrole, une chute qui a également mis un terme je l'espère à l'illusion d'un pays devenu riche déjà qui commençait à s'installer indûment dans certains esprits». UGTA : POUR LA CONSOLIDATION DU CADRE DE LA CONCERTATION Abdelmadjid Sidi Saïd a indiqué que cette tripartite doit sortir avec des recommandations à même de satisfaire les travailleurs en améliorant leur pouvoir d'achat. Persuadé du fait que l'Algérie dispose de capacité «de faire face aux enjeux communs et patriotiques», il souligne qu'il est impératif de consolider le cadre de la concertation, grâce auquel «d'importantes mesures sociales ont été prises au bénéfice de l'ensemble des travailleurs et même retraités». Le SG de l'UGTA a souligné que le dialogue social demeure «pour nous un instrument privilégié pour traiter et solutionner les questions économiques et sociales». Le pacte économique et social témoigne, souligne-t-il, de la vivacité du dialogue en Algérie. Sidi Saïd insiste pour le renforcement du plan d'action pour l'encouragement de la création de l'emploi tout en saluant la nouvelle stratégie adoptée pour la lutte contre le chômage. PATRONAT : LA PRÉSERVATION DE L'OUTIL DE PRODUCTION, UNE PRIORITÉ Le souci des organisations patronales c'est d'éviter des charges financières supplémentaires. Elles souhaitent plus de souplesse et de facilitation pour promouvoir la production nationale. L'assainissement de l'environnement économique et le développement des PME-PMI constituent leurs plus importantes préoccupations. Pour Habib Youcfi del'ACGEA, il est primordial d'engager une refonte de la stratégie pour le développement des PME-PMI et de faire participer davantage les partenaires sociaux dans la prise de décision. Du même avis, Mme Yasmina Taya présidente de SEVE a souligné que les PME doivent être placées au centre d'une stratégie globale de développement pour impulser la création de l'entreprise. M. Ziani représentant de la CIPA qui déplore l'absence de concertation avec les partenaires, estime lui aussi nécessaire que les pouvoirs publics généralisent les mesures d'appuis tels l'effacement des dettes et la mise à niveau des entreprises. M. Mrakech, président de la CAP a, pour sa part, proposé la mise en place d'une éthique économique pour les entreprises et surtout de trouver des mécanismes susceptibles de mettre un terme à la concurrence déloyale imposée surtout par l'informel et à la bureaucratie. M. Nait Abdelaziz du CNPA a axé son intervention sur les mesures à mettre en place pour la relance économique. Le représentant du patronat public, M. Benyounes a exhorté les pouvoirs publics à renforcer les mesures pour permettre à l'entreprise publique, notamment celle en difficulté, de devenir plus performante et de retrouver ses parts de marché.