La tenue du sommet mondial sur le réchauffement climatique de Copenhague, du 7 au 18 décembre, s'annonce décisive. L'Algérie et les autres exportateurs de pétrole veulent adopter une position commune. Les divergences apparues entre les nations laissent planer le doute d'un échec de cette conférence planétaire. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a indiqué que les pays producteurs de pétrole sont en discussion pour présenter une position commune au sommet mondial sur le réchauffement climatique de Copenhague. Les pays arabes et ceux de l'Opep se concertent dans la perspective de leur participation au sommet. Ces nations appréhendent, selon lui, l'introduction de la taxe carbone dont l'application entraînera une baisse de la consommation de pétrole et de gaz, donc des pertes pour les pays exportateurs de brut pouvant atteindre les 3000 milliards de dollars d'ici à 2050. Pour le ministre algérien, les plus gros pollueurs de la planète sont ceux qui utilisent le charbon et non pas les pays exportateurs de pétrole dans la mesure où ils ne font que vendre cette énergie. Le sujet de la taxe est d'une extrême importance. Les pays industrialisés, à l'instar de la France, veulent inciter leurs populations à modifier leurs comportements vis-à-vis des énergies fossiles considérées comme étant à fort dégagement de CO2. Tous les produits énergétiques dont la consommation génère du gaz carbonique sont concernés. Le but est de dissuader la consommation et donc le rejet de gaz à effet de serre. Cette taxe sera instaurée en France dès janvier 2010. Cette nouvelle taxation induira une hausse des prix, ce qui entraînera évidemment une baisse de la consommation. Ces mesures sont une véritable source d'inquiétude des pays exportateurs de pétrole et de gaz, notamment l'Algérie dont les intérêts économiques sont directement touchés. Dans une conjoncture plus que défavorable, les producteurs de pétrole, confrontés aux effets de la crise économique, ont dû renoncer à des investissements stratégiques. L'inquiétude des pays européens sur les raisons du réchauffement climatique est loin de convaincre les responsables des pays en voie de développement et les scientifiques. Un débat s'impose sur les causes du réchauffement climatique Le carbone n'a jamais été le responsable du réchauffement climatique, estiment-ils, avouant que des températures sont encore trop basses dans certaines régions du globe. Le débat devrait déboucher sur la cause réelle du réchauffement climatique. Ce sommet de Copenhague est déjà mal parti pour permettre un accord planétaire sur cette question. Les 192 pays du monde devront transcender leurs propres intérêts pour trouver un accord sur une réduction massive des émissions de gaz à effet de serre sur la période choisie de quarante ans. Les divergences apparaissent d'ores et déjà sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif. Sur la taxe carbone, les pays industrialisés notamment européens sont prêts à mettre un mécanisme aux frontières de l'Europe si les autres pays ne rejoignent pas les décisions du sommet. Une décision qui est considérée comme un véritable frein par les producteurs pétroliers car elle influera de manière directe sur la consommation énergétique. Outre les critiques émanant des pays pétroliers, certaines nations comme la Chine ont appelé les pays industrialisés à tenir compte dans le dossier climatique de la position des pays émergents qui souhaitent être aidés et n'entendent pas sacrifier leur développement. L'Inde n'acceptera pas également les propositions du Danemark qui visent à imposer aux pays une réduction des émissions de gaz à effet de serre sans tenir compte de leurs situations socioéconomiques. Si l'Union européenne se montre déterminée à jouer un rôle moteur dans la question du changement climatique, l'Inde estime que cela ne suffira pas pour faire de Copenhague un succès. Il y a bien des priorités à prendre en compte dans cette politique climatique que veulent imposer les pays riches. L'Afrique a besoin de 100 milliards de dollars Les nations de l'Amérique du Sud ne sont pas en reste. Elles ont réclamé des financements internationaux pour aider les pays en voie de développement à lutter contre le réchauffement climatique. Quant au continent noir, des voix évoquent des objectifs à défendre sans relâche. Il s'agit du transfert des technologies, du renforcement des capacités des pays africains et du financement. «Les pays africains ne sont pas prêts à signer n'importe quel accord au sommet de Copenhague sur les changements climatiques», a tenu à souligner, hier à Dakar, Djibo Leyti Kâ, le ministre sénégalais de l'Environnement. L'Afrique tient à ce que ses revendications et exigences soient prises en compte. Les dirigeants du continent ont demandé un financement estimé entre 100 et 120 milliards de dollars par an couvrant une période décennale. Les participants au sommet de Copenhague seront-ils en mesure de conclure dans ce contexte un accord mondial sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre ?