On s'attendait à ce que des sanctions tombent sur l'Egypte à partir du Cap, en Afrique du Sud, où s'est réuni, mercredi passé, le comité exécutif de la Fifa. On n'a pu obtenir que la confirmation que le dossier du match Egypte-Algérie sera traité par la commission de discipline de l'instance internationale du football. Celle-ci le fera à Zurich dans les semaines qui viennent. Cependant on ne manquera pas de retenir que la Fifa a fait savoir, d'une manière officielle, que les 32 pays qui seront présents à la Coupe du monde se sont qualifiés régulièrement et qu'il n'y avait plus matière à discuter là-dessus. Elle met un terme aux spéculations des Irlandais lesquels, à raison, estiment avoir été éliminés sur un acte antisportif (main de Thierry Henry), mais également des Egyptiens qui croient que le père Noël est de retour et qu'il distribue des cadeaux aux grands enfants qu'ils sont. En tout cas, ils ne perdent rien à attendre. Malgré toutes leurs suppliques et jérémiades, ils ne sont pas parvenus à sensibiliser les gens autres que les Algériens. Ces gens n'ont pas admis que l'on se permette de recevoir comme des lâches une équipe nationale visiteuse et aller jusqu'à la faire tomber dans un guet-apens. Ils savent, ces gens-là, que ce qui est arrivé à l'équipe nationale algérienne aurait pu arriver à leurs équipes nationales respectives. Les Egyptiens sont comme ça. Ils n'admettent pas la loi du sport. Soyez heureux chers Ivoiriens d'avoir perdu la finale de la CAN 2006 au Caire face aux Pharaons. Si vous aviez eu l'audace de l'emporter, on ne sait pas si vous seriez encore de ce monde. Toujours est-il que la Fifa aime temporiser. Ce que l'on ne comprend pas, c'est que son président, Joseph Blatter, a, dans une conférence de presse qu'il a tenue au Cap juste après la réunion du comité exécutif, indiqué que l'instance qu'il dirige, du moins sa commission de discipline, «va se pencher sur les incidents qui ont émaillé les deux matches Algérie-Egypte du 14 et du 18 novembre». On ne le comprend pas parce qu'il semble que M. Blatter oriente la commission de discipline et lui dit que le 18 novembre, à Khartoum, il y a eu des incidents. En cela il diverge de son secrétaire général, Jérôme Valcke, lequel, il y a quelques jours, avait affirmé que la Fifa n'avait pas à se pencher sur des incidents qui ont lieu hors du stade. Pourquoi donc M. Blatter parle-t-il d'incidents qui auraient eu lieu à Khartoum le 18 novembre ? Chercherait-il à protéger les Egyptiens, du moins à ne pas leur faire supporter, eux seuls, le lourd fardeau du dossier Egypte-Algérie du Caire ? Certes, le caillassage du bus de l'équipe nationale algérienne a eu lieu en dehors du stade. Le problème est qu'il s'agissait du bus d'une équipe nationale venue disputer un match officiel de football et à laquelle on devait garantir un maximum de sécurité. Du reste, la Fifa avait commis une énorme erreur en laissant le match du 14 novembre au Caire se jouer. Elle qui est si respectueuse de l'équité sportive pouvait-elle admettre que l'équipe d'Algérie, avec trois joueurs blessés dans le bus, le jour où il a été pris pour cible par des supporters égyptiens, s'était présentée au stade avec un maximum de moyens ? Si la Fifa ne prend pas de mesures exemplaires contre l'Egypte, plus rien n'empêchera demain un autre pays d'agir comme l'ont fait les Egyptiens. Les supporters de ce pays pourront caillasser comme ils le peuvent et comme ils le veulent le bus de l'équipe adverse sans craindre aucune retombée disciplinaire pour leur football. En novembre 2005, de graves incidents avaient émaillé la fin du match Turquie-Suisse qui s'était déroulé à Istanbul et qui entrait dans le cadre de la Coupe du monde de 2006. La Fifa avait été particulièrement sévère contre les Turcs, obligés de jouer leurs six matches suivants à huis clos dans un autre pays que le leur et à 500 km de leurs frontières et tenus de payer une amende de 129 000 euros. On verra si la commission de discipline de la Fifa saura se montrer aussi sévère dans le dossier égyptien.