La crise du ciment ne sera pas résolue de sitôt. La livraison de la première quantité du programme d'importation d'un million de tonnes de ce matériau n'a pas résolu le problème. Les 400 000 tonnes acquises depuis le 25 novembre dernier n'ont pas été d'un grand apport pour le secteur du bâtiment puisqu'aucune incidence n'a été constatée par les entrepreneurs, que ce soit sur le plan de la disponibilité ou sur les prix qui restent élevés, témoignent des chefs d'entreprises. Ces opérateurs en pâtissent encore et voient leurs espoirs s'évaporer du fait qu'ils sont une fois de plus obligés de recourir au marché informel et payer le sac de ciment de 50 kg entre 600 et 700 DA. «Alors que nous nous attendions à une baisse des prix suite à la réception du ciment importé, nous constatons que les prix sont les mêmes et que la pénurie persiste» , s'est plaint Ahmed Bengaoud, président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb). Pis encore, les prix de ce matériau de construction au niveau des cimenteries publiques a atteint 300 DA/sac de 50 kg alors qu'il était de 230 DA auparavant. Ce prix a été fixé par l'Etat dans le souci d'éviter la disparité du prix de commercialisation entre celui du ciment produit localement et celui importé qui a été acheté à un prix plus élevé. Le sac de ciment reste à 700 DA Que ce soit à l'est ou à l'ouest du pays, le scénario est le même. Dans la région ouest, certaines entreprises publiques trouvent des difficultés pour avoir les quantités nécessaires. «C'est difficile», témoigne la représentante d'une importante entreprise publique de l'Oranie. Le comble, c'est que cette entreprise est obligée d'attendre les livraisons des cimenteries publiques car il n'est pas possible de recourir au marché parallèle qui propose des prix atteignant 700 DA le sac, nous a-t-elle expliqué. Les commandes passées aux cimenteries de l'Etat ne peuvent être satisfaites rapidement, obligeant les entrepreneurs du secteur privé à recourir au marché parallèle pour pouvoir poursuivre les travaux. «L'importation n'a pas résolu la question de la disponibilité», a remarqué Ahmed Bengaoud, expliquant que le fonctionnement de la cimenterie de Meftah à hauteur de 10% et la désorganisation qui prévaut actuellement au niveau de l'entreprise Algerian cements Company (ACC) font partie des raisons qui expliquent l'inefficacité du programme d'importation. Pour que l'opération d'importation soit efficace, cet opérateur a plaidé pour le renforcement du contrôle. La pénurie des matériaux de construction, aggravée par la hausse des prix, «pousse les petites entreprises du secteur du bâtiment à déclarer faillite», a-t-il averti. Dans les prochains jours, une quantité de 300 000 tonnes du programme d'importation sera réceptionnée dès la fin de décembre à partir de Béjaïa. Les opérateurs souhaitent que cette seconde tranche puisse contribuer à l'apaisement de la crise et permette aux entreprises de relancer les chantiers à l'arrêt. Les 400 000 tonnes réceptionnées au port d'Alger ont été attribuées aux entreprises chargées de la réalisation des programmes publics de logements de la région Centre, ont indiqué des chefs d'entreprises.