Les opérateurs privés, qui représentent plus de 80% des parts du marché des transports dans la capitale, demeurent à ce jour loin de la campagne de sensibilisation des usagers aux risques de contamination de la grippe A qui pourrait leur être fatale. L'Etusa, le transporteur public des voyageurs, s'est pleinement impliquée dans cette campagne depuis la semaine passée. Jusqu'à hier matin, les transporteurs privés de voyageurs sont demeurés insensibles à la campagne d'information et de sensibilisation des citoyens aux risques de contamination de la grippe A, alors que le transporteur public Etusa a pris des dispositions en ce sens depuis la dernière semaine. Les bus privés, circulant sur les lignes de transport les plus importantes de la ville, continuent de rouler comme d'habitude. Que ce soit à Ben Aknoun, Bouzaréah, la Casbah ou Bab El Oued, les transporteurs se permettent de faire monter le maximum de voyageurs possible. A l'intérieur des bus, aucun affichage ne rappelle aux voyageurs les consignes à suivre afin d'éviter le cas échéant la contamination. Dans les bus de l'Etusa, les usagers sont informés à ce sujet par des petites affiches qui dictent les comportements à adopter en voyageant. Les consignes se rapportent toute à l'hygiène personnelle : se moucher à l'aide de mouchoir à papier, se débarrasser de ces mouchoir après utilisation, se laver les mains le plus souvent en utilisant un désinfectant liquide, etc. Mais pourquoi les transporteurs privés ne sont pas impliqués dans cette campagne alors qu'ils prennent en charge la quasi-totalité des déplacements dans la capitale ? Pour un receveur, la réponse est dans la désorganisation qui affecte le secteur privé du transport urbain. «L'Etusa obéit à une seule tutelle. Il est donc facile d'organiser la campagne d'information et de la gérer dans les bus publics. Par contre, dans le privé, chaque bus est une entreprise à part, et il est difficile de mener une action commune sans l'intervention des autorités», affirme-t-il. Le transporteur public a organisé, jeudi 3 décembre, une journée de sensibilisation de son personnel à la grippe A. Une fois les chauffeurs et les receveurs bien informés sur les enjeux de cette maladie infectieuse, le transporteur public a décidé, à la même occasion, d'informer les usagers. L'action est importante, sachant que l'Etusa, disposant actuellement d'un parc roulant de 310 bus, transporte quotidiennement près de 100 000 personnes. Seulement, l'Etusa représente moins de 20% du volume des transports dans la première ville du pays. Les 80% restant reviennent aux transporteurs privés. «Si par exemple la direction des transports ou de la santé nous donnent des pancartes, nous allons les afficher sans aucun souci», ajoute le receveur. Que fait donc la wilaya à ce niveau ? Jusqu'à jeudi, les établissements scolaires sont demeurés le centre de l'intérêt des autorités, sachant que les enfants scolarisés sont les personnes les plus vulnérables à la maladie à cause du regroupement de centaines d'enfants dans un même endroit (classe, cour, toilettes, réfectoire). D'ailleurs, une conférence de sensibilisation a été organisée sur la prévention contre la propagation du virus H1N1 en milieu scolaire et les mesures prises pour faire face à une éventuelle contamination des élèves. Les conférenciers ont mis l'accent sur la nécessité de «suivre des procédés de sensibilisation et d'information efficaces» pour lutter contre cette maladie, en insistant sur le dépistage précoce. Ces mesures «tiennent compte de la vitesse de contamination chez l'enfant, de la faiblesse du système immunitaire de celui-ci à l'approche de l'automne et de l'hiver, deux saisons propices pour la propagation du virus H1N1», a dit le directeur de la santé et de la population de la wilaya, Rabia Lakehal.