Les exportations hors hydrocarbures ont accusé un recul de 40% et s'élèvent à 900 millions de dollars durant les dix premiers mois de 2009 comparativement à la même période de l'année écoulée, a indiqué hier Mohamed Bennini, directeur de l'Agence Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX). Contrairement à l'année 2008 lorsque l'Algérie a enregistré près de 2 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures, l'année 2009 s'achève avec une chute vertigineuse de ces exportations. Ce recul est justifié, tout simplement, par la régression de la valeur du dollar par rapport à l'euro, a expliqué tout bonnement Mohamed Bennini, lors de son intervention au forum d'El Moudjahid. Le recul est expliqué aussi par l'interdiction de l'exportation des déchets ferreux et non ferreux. Pour Djilali Tarikat, PDG de la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations (Cagex), la baisse des exportations est liée à la crise économique mondiale qui a engendré une diminution drastique des commandes même pour les multinationales. L'Algérie ne compte qu'entre 700 et 800 exportateurs dont 270 constants. Donc, «nous ne pouvons pas parler du développement de l'exportation», a-t-il estimé. Il met, à l'occasion, en valeur l'accompagnement prodigué par la Cagex aux exportateurs pour s'introduire sur certains marchés africains et arabes. Grâce à la garantie de cette compagnie, les exportateurs peuvent mobiliser des financements bancaires. Les produits du terroir ignorés De son côté, Abdelmalek Serrai, expert international, a souhaité la réhabilitation des produits du terroir et encourager leur exportation. L'Algérie a recensé, durant les années 1980, quelque 2000 produits à valoriser. Or, a-t-il déploré, ces produits n'ont fait l'objet d'aucune valorisation. Et pourtant, à travers l'exportation de ces derniers, l'Algérie pourra engranger des millions de dollars, citant au passage les câpres, les escargots, les fruits de montagne et plusieurs produits agricoles. «C'est un gaspillage monstre», a affirmé M. Serrai. Pour le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), M. Benslim a relevé qu'il n'est pas encore possible d'évaluer l'expérience algérienne en termes d'exportations hors hydrocarbures vu son jeune âge qui ne dépasse pas dix ans. M. Yalaoui, membre de cette même association, a plaidé pour le lancement de la stratégie nationale d'exportation qui reste au stade de projet depuis une dizaine d'année, en plus de l'installation du conseil national consultatif des exportations. Créé pourtant depuis 2003, les textes d'application de ce conseil n'ont pas encore été publiés. De son avis, l'Algérie n'a pas encore la volonté de lancer les exportations hors hydrocarbures, comptant principalement sur l'exportation du pétrole. Les soutiens accordés pour encourager les exportations se révèlent insignifiants devant les faiblesses du secteur économique national qui manque principalement de ressources humaines, notamment dans les volets liés à l'exportation. Les entreprises algériennes, poursuit Mohamed Bennini, accusent une faiblesse sur le plan de la qualité des produits et n'ont pas de connaissance sur le marché extérieur. Et d'ajouter que d'autres contraintes se greffent à cette situation, tels que les coûts élevés du fret et les lenteurs en termes de dessertes maritimes lorsqu'elles existent. La réhabilitation des PME-PMI a été également revendiquée pour pouvoir espérer une hausse des exportations algériennes. De l'avis de Réda Amrani, expert, les entreprises doivent créer des consortiums d'exportation afin de fédérer leurs efforts. Dans son intervention, Ali Bey Naceri, consultant et membre de l'Anexal, l'accent a été mis sur l'interdiction de l'exportation des produits alimentaires fabriqués à base du blé subventionné. Cette mesure a pénalisé, depuis trois mois, les cinq exportateurs existants sur le marché, a-t-il regretté, expliquant que le couscous et les pâtes fabriqués par ces exportateurs ne sont pas produits avec du blé subventionné mais du blé importé par ces opérateurs. Cette décision, prise sans la consultation des opérateurs concernés, est qualifiée par ce consultant de «poignard dans le dos des entreprises spécialisées dans les pâtes alimentaires». Selon M. Bennini, cette question est en cours d'étude au niveau du ministère du Commerce.