Le déploiement de la carte de paiement à l'échelle nationale nécessite encore du temps. La culture du règlement cash est fortement ancrée en Algérie. Depuis l'année 2004, marquant la mise en place du système de paiement par carte magnétique conformes aux normes EMV, la Société d'automatisation des transactions interbancaires et de la monétique (SATIM) a recensé 500 000 détenteurs de cartes de débit, ce qui illustre la réticence des algériens à cette technologie. La directrice adjointe de la SATIM, Nawel Benkrithy, a dressé, hier, lors d'une rencontre sur le thème de la monétique et informatique bancaire, organisée par la mission économique et l'agence française pour le développement international des entreprises, UbiFrance, à Alger, un état des lieux sur l'utilisation de la carte magnétique en Algérie. La responsable de la SATIM a communiqué les chiffres de 500 000 cartes bancaires de débit (utilisées uniquement pour le retrait), 3 millions de transactions par an, 1200 DAB (Distributeurs automatiques de billets) et 3000 TPE (terminal de paiement) déployés dans des hôtels, restaurants et pharmacies algériennes. Mme Benkrithy a relevé des contraintes objectives quant au développement de ce mode de paiement. Il s'agit de la faiblesse du taux de bancarisation, la culture du règlement cash, très ancrée dans les commerces, les taux de commissions appliqués dans ce système, ainsi que la méconnaissance des bienfaits de cette carte bancaire et le manque de communication. Globalement, l'évolution est notable, malgré le nombre d'utilisateurs encore réduit. «L'augmentation est de 100% chaque année», a tenu à signaler la responsable de la SATIM. L'objectif tracé d'ici fin 2010 est l'émission de 1 million de cartes et le démarchage de 10 000 commerces. «Un vrai challenge» pour les banques de la place appelées à intégrer la politique monétique algérienne et à s'inscrire dans la stratégie e-Algérie 2013. Les compagnies Air Algérie et Orascom Télécom se préparent pour le lancement du paiement des billets d'avion et des factures par Internet. Le système de péage qui sera appliqué pour les autoroutes algériennes est concerné par ce nouveau mode de paiement de carte à puce. Des cartes magnétiques seront utilisables également dans le réseau du métro et du tramway d'Alger. Ce qui a amené la même responsable à dire que les Algériens peuvent se déplacer sans prendre de l'argent sur eux. L'adhésion au réseau de la carte international Visa et à Master Card est en vue, selon la directrice de la SATIM, indiquant que les moyens technologiques en la matière sont acquis. Les banques publiques s'organisent pour le déploiement de cette technologie, en se dotant de directions et de département dédiés exclusivement à la monétique et d'un réseau de DAB. L'expérience d'Algérie Poste L'entreprise Algérie Poste a pris de l'avance par rapport aux banques de la place. Forte de 12 millions de titulaires de comptes courants postaux (CCP) et de 3000 bureaux de poste déployés à travers le territoire national, elle a distribué 6 millions de cartes à puce de retrait. En matière d'équipement, elle dispose selon son directeur de la monétique, Bouteldja Omari, de 680 GAB (guichet automatique de billets), de 1000 TPE et enregistre 3,5 millions de transactions par mois. L'infrastructure des télécommunications acquise permet d'envisager une politique de développement ambitieuse en matière de système de paiement moderne. Les factures d'eau, d'électricité, de téléphone, de paiement de crédits bancaires s'effectuent au sein de la poste, ce qui constitue un gain de temps et d'argent considérable pour les citoyens. La Poste est reliée au réseau de la Cnep banque. D'autres établissements de la place ont investi dans la monétique, à l'instar de la Banque extérieure d'Algérie qui a développe une carte magnétique des besoins en carburant et autres services avec la société pétrolière Naftal, de la Société Générale Algérie qui se prépare aux paiements en online, en intégrant une plate forme de e-commerce de la SATIM.