Il pleut et il fait un peu plus frais que les derniers jours. Les directions de l'agriculture en profitent pour nous dire qu'un bonheur n'arrive jamais seul et promettent, dans la foulée d'une météo généreuse que les récoltes peuvent être aussi miraculeuses que la saison dernière. La pomme de terre a frôlé le seuil fatidique mais la météo n'est quand même pas responsable de la spéculation. On aurait pu ajouter que l'effacement des dettes des agriculteurs non plus pour faire dans l'harmonie, mais ce n'est pas si évident. Il vaut mieux que l'abandon de l'ardoise serve plutôt à expliquer l'abondance de la production. Pas évident non plus qu'on ait récolté plus de tubercules que d'habitude mais de blé et d'orge si. Les directions de l'agriculture et leur tutelle nous expliqueront toujours qu'il ne faut pas confondre les cultures stratégiques avec les produits de consommation courante. Sans doute ne comprendrons-nous jamais les amis qui président aux destinations de nos estomacs. Parce que le blé, nous y pensons rarement, du fait que le boulanger le fait très bien à notre place. L'Etat efface les ardoises et paie le blé avec le blé du pétrole à des prix proches des cours mondiaux à des producteurs algériens qui se mettent du coup à produire, aidés en cela par une météo généreuse et des barrages qui débordent par endroits. Beaucoup de monde en profite au passage et prend une part du gâteau en faisant des… gâteaux à partir de la farine soutenue par l'Etat et plein d'autres choses encore. Les mille-feuilles et les vols au vent, ce n'est pas vraiment des produits stratégiques, ils ne sont même pas de consommation courante, mais ce n'est pas grave. De toute façon, personne ne s'en rend compte. Le pain n'augmente pas tous les jours. Il ne baisse pas non plus, comme la pomme de terre qui peut voyager allégrement de 25 à 80 dinars. Mais la farine - ou plutôt le pain - c'est l'Etat qui est responsable de la stabilité de ses prix. Ce n'est pas comme la patate, qui est aux mains de quelques spéculateurs et de milliers d'intermédiaires. On ne va tout de même pas déranger la puissante machine étatique pour s'occuper du négoce d'un vulgaire tubercule et la détourner de ses missions régaliennes et de celles qui le sont un peu moins. Comme veiller à ce que la panique ne nous prenne pas à la gorge aux premières pluies d'automne, à ce que le gaz au pays du gaz ne soit plus problématique et que le froid ne tue pas à l'orée de chaque hiver. Il pleut et il va faire encore plus froid dans les prochains jours. Les déclarations de la protection civile sont toujours moins drôles que celles des directions de l'agriculture. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir