Le retour d'Aminatou Haidar à El Ayoun n'est pas sans poser de problèmes aux autorités marocaines qui redoutent d'éventuelles manifestations populaires de soutien à la militante sahraouie et aux idées qu'elle défend, c'est-à- dire la libération du Sahara occidental de toute tutelle étrangère. Pour contrer cette éventualité, les services de sécurité marocains ont encerclé dans la nuit de jeudi à vendredi le domicile de Aminatou Haidar après son retour de Lanzarote (Canaries), a rapporté hier l'Agence de presse sahraouie (SPS). Selon SPS, «des éléments de la police en uniforme et en civil soutenus par des forces auxiliaires ont encerclé le quartier Bir El Jadid et se sont déployés partout dans la ville avec des dizaines de véhicules pour empêcher d'éventuelles manifestations». Le but est donc de contenir la colère populaire qui ne cesse de gronder en dépit de la chape de plomb imposée par le Makhzen sur toute la société sahraouie. D'où l'encerclement systématique de la principale ville sahraouie par un important dispositif sécuritaire à l'effet de parer à tout mouvement de contestation. Le plus grave est que les services de sécurité marocains n'ont pas pris de gants pour refouler les nombreux journalistes étrangers venus rencontrer la militante sahraouie après son retour triomphal de Lanzarote. Des observateurs internationaux, des militants des droits de l'Homme ainsi que des centaines de citoyens ont été également empêchés de se rendre au domicile d'Aminatou Hadair. L'agence de presse sahraouie révèle, par ailleurs, que des dizaines d'arrestations ont eu lieu parmi les sahraouis dont «plusieurs ont été forcés de rentrer chez eux sur fond de toutes formes d'intimidations, notamment à la cité Zemla et au niveau des quartiers Bir El Jadid et Niger». Une victoire pour les défenseurs des droits de l'homme Aux Etats-Unis où l'affaire Aminatou Haidar a fait grand bruit, obligeant le gouvernement américain à exiger du Maroc et de l'Espagne de mettre fin à son calvaire, le retour d'Aminatou Haidar à El Ayoun occupée est d'ailleurs considéré comme une victoire pour tous les défenseurs des droits de l'homme à travers le monde. C'est ce qu'a souligné, en particulier l'ONG «Robert F. Kennedy Center for Justice and Human Rights» dans un communiqué. Mme Monika Kalra Varma, la directrice du centre, a expliqué que son institution a toujours défendu le droit de Mme Haidar de retourner dans son pays, depuis son expulsion le 14 novembre dernier par le Maroc vers Lanzarote, dans les îles espagnoles des Canaries». L'organisation non gouvernementale américaine a rappelé aussi avoir pressé les dirigeants du Maroc, d'Espagne, de France, des Etats-Unis ainsi que ceux des Nations unies pour «intervenir et aider Mme Haidar à retourner dans son pays», ajoutant que des membres du centre ont été à Lanzarote aux côtés de Haidar durant sa grève de la faim. L'ONG relève également que le soutien de l'opinion internationale à la cause de la militante sahraouie a été «déterminant» dans son retour à El Ayoun, rappelant que les marques de sympathie envers elle ont fait réagir et les Nations unies et les Etats impliqués dans cette affaire. Mme Haidar a parcouru le monde pour sensibiliser l'opinion internationale sur les violations marocaines des droits humains au Sahara occidental et plaider pour le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Lauréate de plusieurs prix internationaux, elle a reçu en novembre dernier le «Prix du courage civil», décerné par la Fondation John-Train pour sa «résistance pacifique au Sahara occidental», le Prix Robert F. Kennedy 2008 des droits de l'homme, le Prix Silver Rose (Autriche, 2007), le Prix Juan Maria Bandres Human Rights (Espagne, 2006) et le Prix Andreï Sakharov pour les droits de l'homme.