A trop vouloir servir le boss avec célérité et précipitation, on atterrit, sans s'en rendre compte, devant Ghezloune qui sait suivre, juger et infliger juste de quoi rendre justice. Au début de l'été, le directeur général de la sûreté nationale fait part de son désir d'aller passer ses vacances à l'Est. Son directeur central saisit Constantine en vue de procéder à l'installation d'une ligne téléphonique dans une chambre du complexe choisi par Ali Tounsi lequel, finalement, renoncera vu ses obligations professionnelles, à son repos annuel. Et comme la ligne était en place, c'est un ancien officier supérieur de l'armée en retraite, un de ceux qui ont libéré Tamourth et reconstruit le pays qui occupe ladite chambre. Et en avant pour les coups de fil donnés et reçus. Donnés surtout puisque la facture est astronomique. La DGSN dépose plainte contre le régional de la DGSN de Constantine, le directeur des moyens généraux pour dilapidation de deniers de l'Etat. Maître Mustapha Bouchami est constitué pour le directeur du complexe, lui aussi poursuivi. Et c'est Ghezloune, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach (cour d'Alger) qui a le dossier du jour dans le rôle de mercredi. Maître Ghattas qui défend Nourredine Lounis, ex-cadre de la DGSN et inculpé principal, va joindre sa voix à celle de maître Bouchami pour introduire des questions concernant l'impossibilité pour le tribunal d'El Harrach de juger cette affaire, car il y a par ailleurs et c'est la loi un pourvoi en cassation. La procédure était que la chambre de cassation a vu le parquet trébucher et donc il est obligatoire d'attendre la décision de la Cour suprême qui examine ce dossier. Méfiante comme toujours, Ghezloune décide une mise en examen après avoir évité Messaoud Kennas, le procureur requinqué après un mois de ramadhan éprouvant. Maître Bouchami, tout comme maître Menane qui défend Talhi venu de Constantine où il exerçait la fonction de son directeur des télécoms, avait lui aussi balancé des points de droit, juste de quoi pousser la magistrate à aller au-devant des demandes de la défense, à savoir surseoir à la décision en attendant le dernier mot de la Cour suprême qui se porte beaucoup mieux depuis sa prise en main par Kaddour Berradja. Par ailleurs, les proches des inculpés trouvent ces poursuites infondées et ridicules. «C'est ainsi que l'on honore nos cadres ?», s'est offusqué un parent d'un des inculpés qui nous assure qu'il a confiance en notre justice.