Un Chinois s'incruste chez l'empereur ! Le chef de l'Agence impériale ne décolère pas. Il y a une semaine, le Premier ministre japonais, Yukio Hatoyama, lui a imposé en catastrophe la visite impromptue du vice-président chinois, Xi Jinping, probable successeur du président Hu Jintao. Une faveur exceptionnelle lorsqu'on sait qu'en vertu du protocole il faut un mois pour être reçu par Sa Majesté Akihito. Cette précipitation en dit long sur l'extraordinaire importance que le gouvernement japonais attache à la Chine. Quelques jours plus tôt, le tout-puissant secrétaire général du Parti démocrate du Japon (PDJ), Ichiro Ozawa, avait mené à Pékin une délégation de 643 sympathisants et membres de son parti pour des entretiens au plus haut niveau. Téléspectateurs japonais et chinois ont pu assister en prime time à une scène surréaliste : Hu Jintao se prêtant, bon prince, à une photo souvenir individuelle avec chacun des 143 parlementaires PDJ venus pour l'occasion ! Quelques semaines avant, le ministre de la Défense japonais avait accueilli à bras ouverts son homologue chinois, annonçant des exercices militaires communs. Et tout ceci n'est qu'un hors-d'œuvre. Le Parti communiste chinois aurait soumis au PDJ le scénario d'une réconciliation spectaculaire cette année : Yukio Hatoyama irait d'abord à Nankin, lieu des pires atrocités commises par l'Armée impériale japonaise lors de sa conquête de la Chine, pour présenter au peuple chinois des excuses officielles sans ambiguïté. Quelques mois plus tard, le 15 août, jour de l'anniversaire du bombardement atomique d'Hiroshima, Hu Jintao se rendrait à son tour dans la ville japonaise martyre pour y exposer les «trois principes» de la doctrine nucléaire chinoise : ne pas bombarder le premier, ne pas attaquer un pays non nucléarisé, ne pas exporter l'arme nucléaire.