Le président Obama a regagné Washington. Aucun incident à signaler à bord de l'avion présidentiel en provenance de Hawaï. Atterrissage réussi à l'heure prévue, les membres de la famille Obama ne sont évidemment pas concernés par la palpation corporelle imposée aux passagers qui débarquent dans les aéroports US. Ceux originaires de 14 pays, listés par le renseignement américain, vont avoir droit à une surveillance particulière qui ne se limitera pas à une chatouilleuse fouille au corps. C'est ce qu'a décidé le locataire de la White House pour que plus jamais un aspirant djihadiste ne tente à l'avenir de perturber les vols de la Northwest Airlines. Tolérance zéro en dehors des zones de turbulences climatiques. Ces «barrages aériens» suffiront-ils à rendre l'Amérique d'Obama invulnérable ? Le président de tous les Américains pense qu'il faut aller au-delà des nuages stagnants dans le ciel de Detroit pour que la sécurité nationale devienne intouchable. Une destination qui lui tient particulièrement à cœur ? Le Nigeria d'où est originaire l'étudiant qui a manqué son «coup» sur le vol Amsterdam-Detroit ? La Somalie d'où est natif le présumé terroriste qui a voulu la mort du caricaturiste danois qui mettait le feu aux poudres ? Barack Obama n'aurait pas hésité une seconde à se rendre dans la ville de Jimmy Carter pour savoir qui s'est amusé à pendre une poupée à son effigie dans l'Etat américain de Géorgie. Mais à présent qu'une enquête des services secrets américains est en cours et que le temps presse, il choisira un long courrier international. Jusqu'au Yémen où, en compagnie du Britannique Gordon Brown, les aides financières prêtées au gouvernement de Sanaa devront être multipliées par deux afin d'anéantir le réseau local d'Al Qaïda, né de la fusion entre la branche saoudienne et yéménite. Il ne s'agit que d'une première étape, l'ambitieux projet du président démocrate inclut l'ensemble des menaces qui pèsent sur l'Occident dans la péninsule arabique. Mais il faut commencer d'abord par persuader la communauté internationale de la nécessité d' «intervenir» en terre yéménite. Les Etats-Unis ont pris la «sage» décision de fermer leur ambassade à Sanaa bien qu'aucune menace précise contre les intérêts US au Yémen n'est à enregistrer. Le Royaume-Uni n'a pas tardé à prendre des précautions similaires, les risques sont énormes tant que les forces gouvernementales yéménites ne maîtriseront pas le processus antiterroriste de bout en bout. Bref, ce ne sont pas les deux rebelles d'Al Qaïda, tués lors des premiers affrontements avec l'armée régulière, qui vont permettre aux Occidentaux de dormir sur leurs lauriers. Ni d'ailleurs les cadavres de cinq militaires de l'Otan qui viennent allonger, à ne plus en finir, la liste des victimes des tueries en Afghanistan et au Pakistan voisin. Cap, donc, sur le Yémen où l'Occident n'a plus besoin de résolution pour légitimer ses guerres préventives successives mais d'une simple procuration pour venir à bout des fous d'Allah. Désorientée par la progression de deux mouvements rebelles nationaux, l'administration de Sanaa réussira-t-elle à bien la mission fraîchement confiée par des alliés occidentaux qui tentent de se battre sur tous les fronts ? Sera-t-elle amenée un jour à appeler ces mêmes alliés à la rescousse, tout le prestige et la grandeur de l'armée pakistanaise semblent ne plus en finir d'être malmenés ? A moins que l'Union européenne ne décide un jour de lui fournir des hommes armés jusqu'aux dents, on voit mal comment l'alliance américano-britannique va pouvoir épauler au sol l'armée régulière yéménite. Par les airs ? Toute la presse américaine en parle au moment où les opinions publiques américaine et britannique s'inquiètent de l'ouverture tous azimuts de fronts de guerre par le prix Nobel de la paix 2009. Gare à perdre la boussole en cours de route.