Quand Nicolas Sarkozy rend un vibrant hommage à Philippe Séguin aux Invalides et Gordon Brown tente de reprendre l'autorité au sein du Parti travailliste, Barack Obama s'«offre», lui, un autre front de guerre. Celui-ci n'est pas relatif aux sanctions contre l'Iran que les trois hommes doivent discuter dès la semaine prochaine. Pour une fois qu'il ne s'agit pas de mollahs et de lutte antiterroriste, mieux vaut sauter sur cette rare occasion pour en parler. De quoi s'agit-il au juste ? Le président Obama envisage de mener une attaque juste contre les bonus à Wall Street. Trop critiqué au sujet des primes excessives versées aux traders, sa décision d'instituer une taxe pour les sociétés de services financiers ne pouvait mieux tomber. L'instauration de cette taxe devra être incluse dans le projet de budget qu'il présentera en février. Annoncera-t-il la «déteinte» du billet vert pour les banquiers, qui n'en finissent pas de s'en mettre plein les poches, lors de son discours sur l'état de l'union, le 2 février ? Bien qu'il soit l'un des plus importants rendez-vous de la vie institutionnelle américaine, le traditionnel discours, que la coutume veut qu'il soit prononcé un mardi en début de chaque année, n'aura pas lieu. Il a été reporté à une date ultérieure que ni la Maison-Blanche ni les médias US n'arrivent à fixer dans le temps. Le monde doit s'attendre à ce que la raison de ce report soit des plus valables. Il n'en est rien. Si le président Obama a décidé de «manquer» ce grand rendez-vous, durant lequel il devait booster sa réforme sur le système de santé, c'est parce que le soir même la chaîne ABC a programmé le dernier feuilleton de Lost, cette série vedette qui relate les aventures de personnes isolées sur une île mystérieuse après un accident d'avion. Dieu merci, il ne s'agit que d'une fiction, le Nigérian qui a tenté d'écourter le temps de vol d'un appareil de la Northwest dort dans une prison du Michigan. Soyons sérieux, la White House n'aurait pas pu demander gentillement à la direction de la chaîne de déprogrammer les trois heures que dure cette série culte ? Barack Obama est un président démocratique et moderne qui respecte le choix télévisuel de millions d'Américains qui l'avaient imploré sur les réseaux sociaux de Facebook ou de Twitter de ne pas leur gâcher le The end de Lost. A ce point, les Américains sont peu soucieux de leurs conditions dans la vie réelle ? Souvent décrites comme désastreuses ? A moins qu'ils ne croient pas en tout ce que leur dira le président Obama, difficile d'expliquer cet enivrement collectif devant la téléfiction. Bon programme à tous !