La reprise des cours pétroliers depuis début janvier, à plus de 80 dollars le baril, pourra durer jusqu'à la fin du premier semestre de l'année en cours, a estimé hier l'expert Mourad Preure. Outre le facteur climatique favorable, l'hiver, le marché sera boosté par la demande des pays émergents, notamment la Chine et l'Inde. Les plans de sauvetage de l'économie des pays occidentaux pèseront sur les cours du brut. L'Opep projette d'ores et déjà de maintenir ses quotas de production décidés au sommet d'Oran en décembre 2008. Après un pic de 84 dollars le baril, le brut a connu hier une légère baisse (82 dollars) sur les marchés boursiers. La consommation de produits de chauffage revenait à des niveaux normaux avec le radoucissement du temps, ont expliqué des spécialistes du marché. Le froid intense connu dans l'hémisphère nord en début d'année avait largement contribué à la hausse des prix, passant de 70 à plus de 80 dollars en l'espace seulement de dix séances. En attendant le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), attendu vendredi, le pétrole a enregistré une hausse assez appréciable pour les pays exportateurs qui ont souligné que le prix plancher se situe entre 75-85 dollars le baril. L'expert Mourad Preure a tenu à situer les raisons de ce raffermissement des cours par la baisse des stocks pétroliers et les signaux de croissance enregistrés à l'échelle mondiale, plus particulièrement chez les pays dits émergents, dont la Chine qui a ravis à l'Allemagne la première place mondiale en matière d'exportation. La reprise de la demande pétrolière a été constatée, selon notre interlocuteur, depuis le quatrième trimestre 2009. Le facteur climatique a joué un rôle dans la hausse des tarifs, la vague de froid qui a touché l'Europe et l'Amérique a engendré une demande supplémentaire en énergie. S'agissant des perspectives du marché, l'expert a indiqué que le marché pétrolier sera stable durant le premier semestre, et ce, en raison de la relance économique dans les pays sud-asiatiques. La reprise économique dans les pays occidentaux n'est pas perceptible, ce qui constitue, selon M. Preure, un souci pour les pays exportateurs, appelés à maintenir les coupures dans leurs quotas de production. Depuis décembre 2008, lors du sommet d'Oran, l'Opep a décidé de retirer 4,4 millions de barils par jour et certains pays de l'organisation ont dû geler leurs projets d'investissements. Des prix fantastiques La crise économique dans les pays occidentaux pèsera encore en 2010 sur le marché pétrolier, tient à relever l'ancien conseiller de Sonatrach. L'équilibre du marché n'est pas encore acquis. Face à cette prudence, les autres pays exportateurs, à l'instar du Koweït, ont estimé que les prix sont «fantastiques». Le ministre koweïtien du Pétrole a indiqué, selon les agences de presse, que son pays ne voulait aucun changement dans les quotas de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole lors de la prochaine réunion en mars. Il a également dit s'attendre à une hausse de la demande au deuxième trimestre avec la reprise attendue de l'économie et la baisse des stocks. La décision de la Banque centrale européenne d'alimenter, hier, les banques avec 60 milliards d'euros au taux historique de 1% devra susciter un impact sur le marché pétrolier. L'expert Mourad Preure a indiqué à ce propos que les interventions des gouvernements européens dans le sauvetage de leurs économies et secteurs financiers ont permis de maintenir à la hausse les cours pétroliers. L'énième intervention de la BCE devra impacter donc le brut.