Il n'y a donc pas de raison majeure pour un débrayage à l'unité commerciale de la SNVI de Constantine mais la «solidarité» avec les collègues du complexe de Rouiba fera très bien l'affaire. Puisque manifestement on en est à la quête de l'aubaine, il ne peut y avoir mieux que la grève des travailleurs de «l'usine mère» pour leur emboîter le pas. En liant «l'autonomie de la décision» à la «spontanéité», le président du syndicat de cette unité qui commercialise les véhicules fabriqués par l'entreprise et en assure le service après-vente ne croyait peut-être pas si bien dire. Il faut vraiment que la décision soit «autonome» pour déclencher la grève pour si peu. Et puisque les travailleurs peuvent la déclencher avec autant de «spontanéité», l'honorable camarade syndiqué n'avait peut-être aucune raison de venir en revendiquer l'initiative aux micros des journalistes. S'il ne s'agissait que d'exprimer une position solidaire avec d'autres travailleurs poussés par la difficulté à arrêter le travail, une déclaration ou un geste symbolique aurait suffi, mais ce n'est apparemment pas le cas. Non seulement le chef de la section syndicale de la supérette de la SNVI surveille même le taux de participation qui serait passé de 60% à 90% en deux jours, mais les travailleurs «partagent les doléances des camarades de Rouiba et dénoncent les résultats de la dernière tripartite portant sur le départ en retraite anticipée». On ne sait pas encore ce qu'est un service minimum dans un magasin de véhicules et de pièces de rechange, on ne sait pas encore si ce service minimum est assuré par les 10% qui n'ont pas suivi le mouvement spontané de débrayage, mais on sait au moins que la section syndicale est très pointilleuse sur la réglementation : «Les travailleurs s'abstiennent de toute activité mais nous assurons un service minimum conformément à la loi sur les mouvements de grève.» Comme la retraite anticipée et les «autres soucis» apparaissent comme des arguments tout à fait secondaires par rapport à la raison essentielle de la colère de ces travailleurs, on comprend encore mieux la spontanéité de la grève et l'autonomie de la décision qui l'a déclenchée. Et le fait qu'elle est bien partie pour durer l'éclaircit encore davantage. Elle doit revenir bien cher, la solidarité. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir