Les recherches de survivants ont pris fin en Haïti, où le bilan du séisme dépasse désormais les 111 000 morts. Le gouvernement a déclaré terminée la phase de recherches et de secours », a annoncé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), précisant que ces opérations avaient pris fin vendredi à 16h et que 132 vies avaient été sauvées par les équipes de secours internationales depuis le 12 janvier. Le bilan du séisme s'est brusquement alourdi vendredi, atteignant, selon les derniers chiffres officiels, 111 499 morts et 190 000 blessés. Au fur et à mesure que le décompte des morts augmentait, celui des survivants extraits des décombres s'amenuisait. Pour sauver des vies, 1918 secouristes internationaux et 160 chiens, répartis en 67 équipes, ont fouillé les décombres de la capitale et des villes et villages du sud d'Haïti. Mais onze jours après la secousse, retrouver une personne en vie relevait de l'extraordinaire. « Le gouvernement haïtien a pris sa décision (de mettre fin aux recherches de survivants) après avoir consulté des experts ; c'est lui qui prend sa décision, il est souverain », a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole de l'Ocha à Genève. Les opérations humanitaires vont désormais mettre l'accent sur la distribution de nourriture, d'eau, de soins médicaux et d'abris aux centaines de milliers de rescapés, à Port-au-Prince et dans les villes les plus dévastées de Jacmel et Leogane. Le port de la capitale est partiellement opérationnel ainsi que 30% des stations-service. La distribution de l'aide alimentaire « monte en puissance de jour en jour » avec « 2 millions de repas distribués vendredi », contre 1,2 million jeudi, a souligné la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) Josette Sheeran, après une mission de deux jours sur place. 610 000 personnesdans les camps « Les mots ne suffisent pas à décrire la dévastation subie par Haïti. Certaines parties de Port-au-Prince sont dans une situation pire que beaucoup de zones de guerre », a affirmé J. Sheeran. Selon le gouvernement haïtien, près de 610 000 personnes sont hébergées dans quelque 500 camps de fortune. Place du Champ de Mars, où quelque 10 000 rescapés vivent sous la tente dans des conditions d'hygiène déplorables, des militaires de la mission de stabilisation de l'ONU en Haïti ont distribué, vendredi 22 000 litres d'eau et 10 tonnes de nourriture. La nourriture a été écoulée en deux heures, l'eau en quatre. Beaucoup de Haïtiens choisissent de partir vers des régions épargnées par le séisme. Plus de 130 000 personnes ont déjà profité d'une offre de transport gratuit du gouvernement, mais « le nombre total de ceux qui partent par leurs propres moyens reste indéterminé », selon l'ONU. Les agences humanitaires ont déjà constaté ces arrivées de populations, dont de nombreux blessés, dans le centre et l'ouest du pays. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'exode pourrait concerner un million de personnes et constituer une charge supplémentaire pour des régions rurales défavorisées. « Il n'y a rien à faire là où je vais, mais au moins je pourrai manger », expliquait Ronald Jean Frite, 25 ans, en attendant un des cars gratuits promis par le gouvernement. Les « pays amis » d'Haïti, dont les Etats-Unis, la France et le Brésil, tiendront demain à Montréal une réunion d'urgence pour coordonner l'aide et préparer une conférence sur la reconstruction, en mars.