Depuis l'instauration du crédit documentaire (crédoc) comme seul mode de paiement des importations, plusieurs opérateurs économiques ont vu leur activité réduite d'environ 60%, d'autres ont été obligés d'arrêter leur entreprise, sans compter ceux qui ont carrément déposé leur bilan. Ce constat a été dressé par Mouloud Kheloufi, président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), lors d'une rencontre organisée au niveau de son siège à Alger. Le crédoc continue de faire des victimes parmi les entreprises puisque 250 entreprises membres de l'AGEA ont fermé depuis l'instauration du crédit documentaire dans la loi de finances complémentaire 2009. Les petites entreprises ne disposent pas d'importants fonds de roulement leurs permettant d'honorer à l'avance le payement des matières premières importées. Après avoir réussi à instaurer une relation de confiance entre les fournisseurs et les entreprises de production, le crédoc est venu détruire ce qui a été bâti depuis des années, pensent des opérateurs économiques membres de l'AGEA. Ils expliquent qu'avant cette disposition, les entreprises pouvaient importer les matières premières et les équipements et payer par la suite, ce qui leur permettait de continuer leur activité. Ils souhaitent la reconduction du crédit fournisseur pour les opérations d'importation des matières premières destinées à la transformation afin de ne pas pénaliser l'outil de production et mettre au chômage des centaines de travailleurs. «Le chômage technique» guette un grand nombre d'entreprises, s'inquiète-t-on à l'AGEA. Non seulement le crédoc est contraignant, les entreprises font face aux lenteurs au niveau des banques pour réaliser les opérations d'importation. Et pourtant, la Banque extérieure d'Algérie (BEA) propose aux importateurs de matières premières des crédits documentaires (crédoc) à paiement différé et le crédit relais. Les crédoc à paiement différé auront des échéances de 30, 90 et 180 jours et peuvent aller jusqu'à un an. Et si l'importateur n'est pas en mesure de payer son crédit à la fin de l'échéance, la BEA peut transformer son crédoc en un crédit relais. Cependant, au regard des doléances exprimées par les opérateurs économiques, notamment ceux du BTPH, cette solution proposée par la BEA reste sans impact réel sur le terrain. L'AGEA propose, à cet effet, de réviser cette mesure et de l'adapter aux entreprises productrices, créatrices de richesses et d'emplois. Ce sont ces entreprises qui doivent réaliser les projets du programme quinquennal 2010-2014, pense Mouloud Kheloufi, qui a cité le cas des entreprises du BTPH qui doivent faire l'objet d'un traitement spécifique. Le nouveau programme d'un million de logements doit être réalisé par les entreprises algériennes sans faire appel aux entreprises étrangères, a-t-il souhaité. Selon lui, les entreprises algériennes ont réussi à améliorer leurs capacités de réalisation après avoir travaillé avec des entreprises étrangères. Ce sont des entreprises algériennes qui ont réalisé 180 000 logements en 1999, a-t-il affirmé, ajoutant que leurs capacités managériales ont été améliorées depuis une dizaine d'années. Pour répondre aux exigences de qualité, cet opérateur a souhaité que d'autres conditions soient réunies pour parvenir à satisfaire cette condition, citant entre autres l'amélioration de la qualité des études, de la main-d'œuvre et des matériaux de construction. Les créances détenues sur l'Etat s'élèvent actuellement à 27 milliards DA en 2008 contre 40 milliards DA en 2007. De nouvelles propositions pour la révision du code des marchés publics Le code des marchés publics doit être révisé pour permettre aux entreprises algériennes de décrocher des marchés. Pour étayer ses propos, il a évoqué notamment la nécessité de réviser les cahiers des charges et la méthode d'évaluation des entreprises. Après avoir élaboré des propositions sur la révision du code des marchés publics lors des premières assises nationales des BTPH organisées en 2009 à Annaba, l'AGEA fera d'autres propositions lors des prochaines assises qui se tiendront à Oran. Ces propositions seront, une nouvelle fois, soumises au président de la République, a-t-il annoncé, regrettant que les premières soient restées «lettre morte». Même si des insuffisances ont caractérisé les précédentes propositions, l'AGEA compte, cette fois, élargir le débat aux autres confédérations patronales et associations professionnelles afin de présenter un projet d'amendement plus détaillé dans lequel les articles du code des marchés publics seront étudiés de manière plus précise.