«Je ne sais pas qui a confié l'enquête» d'instruction contre le Pdg de Sonatrach et certains hauts cadres de la justice, a affirmé hier le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui a été surpris d'apprendre cette nouvelle à la convocation des concernés par la justice la semaine dernière, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son département. M. Khelil a annoncé la désignation de Abdelhafid Feghouli, vice-président de l'activité «Aval» de Sonatrach, pour assurer l'intérim à la tête de la société, remplaçant ainsi Mohamed Meziane, nommé en 2003, placé sous contrôle judiciaire dans l'enquête liée à la passation de marchés au sein du groupe ainsi que le vice-président de l'activité commercialisation, Chawki Rahal, alors que le vice-président de l'activité «Amont», Belkacem Boumedienne, et celui du transport, Benamar Zenasni, sont sous mandat de dépôt. A leur sujet, le ministre a déclaré que «les managers de Sonatrach accusés sont présumés innocents jusqu'à ce que la justice tranche». Il a ajouté que «dans le cadre de la convention collective, Sonatrach fournira des avocats aux accusés pour procéder à leur défense», en indiquant qu'«ils sont indisponibles, donc nous avons procédé à leur remplacement pour permettre à Sonatrach de continuer à fonctionner». Interrogé sur la partie plaignante, Khelil a juste dit : «Pas de réponse», comme il s'est contenté de déclarer au sujet des charges retenues contre les hauts cadres de Sonatrach : «Je ne sais que ce que la presse a rapporté» et «je ne peux vous dire que ce que la presse a dit. Je ne connais pas les accusations». La tutelle de Sonatrach n'est pas plus informée sur les griefs retenus contre le Pdg et ses collègues dans une affaire liée à des marchés gré à gré «autorisés», selon lui, par la réglementation dans le cas d'«infructuosité des appels d'offres» et celui de «standardisation de pièces de machines qui se pose souvent pour la société». Quatre directeurs de Sonatrach sont également placés sous contrôle judiciaire. Il s'agit du directeur de l'ACT, celui du forage, celui du transport et celui de la commerciale, dont le ministre n'a pas estimé utile de citer les noms. Questionné sur la transparence dans la passation de marchés dans son secteur en général et de Sonatrach en particulier, le ministre a souligné que «la transparence demande des procédures, une culture et nécessite une formation spécialisée des personnels. C'est un travail de longue haleine», en précisant que «les grands problèmes interviennent lorsque les gens ne comprenaient pas ces procédures et ont pris des mesures qu'ils n'auraient pas dû par méconnaissance». Il a rappelé qu'«en 2000, il n'y avait pas de procédure», poursuivant que si un problème intervenait sur les 4000 appels d'offres qui font d'ailleurs l'objet de publication par le BAOSEM et dont le ministère n'a pas eu d'informations, puisque, dira-t-il, «nous n'avons pas de lettres dénonçant cette affaire» tout en ajoutant que «chaque jour le ministère reçoit des milliers de lettres et certaines ne sont pas signées»; pourtant «le ministère est prêt à protéger les signataires». Il fera remarquer que «l'affaire n'a rien à avoir avec l'audit» et «Sonatrach est contrôlée» comme tout autre entreprise relevant de son secteur par l'inspection générale du ministère. On ne peut donc pas spéculer sur cette affaire tant que l'instruction est en cours, selon lui, en déplorant que la presse se soit déjà prononcée sur leur culpabilité. Il n'en demeure pas moins que M. Khelil n'est pas convaincu par cette affaire et il n'a reçu aucune instruction du premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika, à ce sujet. Khelil a aussi rappelé l'affaire qui a mis en cause 14 représentants mis sous mandat de dépôt de son secteur que la justice a récemment innocentés dans l'affaire Kherroubi (BCIA). S'agissant des conséquences éventuelles sur le groupe Sonatrach, sur ses engagements nationaux et internationaux, l'image de l'Algérie et sur l'économie nationale, Khelil s'est contenté de dire : «Sonatrach, ce n'est pas un seul homme et nous avons 1 700 personnes expérimentées pour assurer la relève dans les meilleures conditions possibles», ajoutant que son secteur gère plus de 170 projets dont certains s'évaluent chacun à 10 millions de dollars en soutenant qu'il n'y aura pas de répercussions et l'organisation du GNL 16 ne sera pas affectée. Enfin, le ministre a estimé que «les gens ont fait leur travail et ont fait preuve de discrétion en enquêtant». Dans sa position, il n'a pas le droit de diligenter une enquête interne vu que l'affaire est en justice. Il est à signaler que le ministre ne donnera aucune autre conférence de presse sur cette affaire et a donné rendez-vous à la presse «dans une année peut-être pour se prononcer encore sur cette affaire».