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Une gestion et des interrogations ?
La problématique du ciment en Algérie
Publié dans Le Temps d'Algérie le 19 - 01 - 2010

La création du groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica), en remplacement de l'Industrie des ciments qui n'était autre que la Société de gestion des participations (SGP) du secteur, créée, elle aussi, pour remplacer le holding
n'a pas été applaudie par les professionnels du secteur. Les membres fondateurs et créateurs des usines de cimenterie après l'indépendance estiment que la gestion de ce secteur s'est confinée dans des pratiques bureaucratiques, qui sont loin de pouvoir trouver des solutions concrètes aux problèmes posés.
La production locale du ciment a connu une chute spectaculaire et dramatique après avoir enregistré des années de gloire, boostées par des réformes et des efforts colossaux pour en faire une véritable industrie capable de satisfaire la production nationale.
L'option d'exporter cette matière indispensable a été également retenue par les pouvoirs publics dans le cadre du plan de modernisation des cimenteries publiques. La cacophonie constatée aujourd'hui dans le secteur est loin de pouvoir restructurer la production ou donner à l'outil de production nationale son véritable poids.
Plus on avance dans la politique de gestion opaque de cette importante matière, plus on s'éloigne des objectifs capitaux, à savoir satisfaire la demande nationale de plus en plus croissante, et améliorer la productivité des unités pour qui de lourds investissements ont été consentis. L'échec des opérations d'importation de ciment lancées respectivement en 2002, 2006 et 2009 sont une autre preuve d'une gestion qui a fortement déplu aux professionnels. Un échec qui a donné lieu à une crise des plus aiguës.
L'importation : comment et pourquoi ?
Si l'opération d'importation de 2002 a été justifiée par la nécessité de disposer de ce produit de base pour lancer les projets inscrits dans le premier plan quinquennal du président de la République, le recours à une autre opération en 2006, annulée pour des raisons inconnues, n'avait pas lieu d'être.
C'est à partir de là que sont intervenues des interrogations sur les raisons de recourir à l'importation de ciment en 2009, phase marquée par l'achèvement du deuxième plan quinquennal.
Une opération qui a peiné à se concrétiser en raison des mauvais choix faits concernant le timing de l'importation, les quantités demandées, les pays de provenance et autres. Pour preuve, le million de tonnes de ciment commandé pourtant l'été dernier peine à arriver sur le marché local. Une situation qui a encore aggravé la crise.
Les entrepreneurs, après une pénurie qui a duré plusieurs mois, ont dû faire appel à tous les moyens pour trouver les quantités nécessaires pour finaliser leurs projets.
La crise de 2009, minimisée et déclarée au début comme étant un simple besoin de rajout de quantité pour combler un déficit de production, s'avère plus importante que cela. Les gestionnaires étrangers des cimenteries algériennes attestent que la crise va s'accentuer l'an prochain et les quantités demandées à l'exportation seront trois fois plus importantes.
«C'est loin d'être le fait des spéculations», affirment les professionnels du secteur du ciment. «Ce sont des crises qui relèvent de l'existence de dysfonctionnements dans la gestion de la filière et de l'absence de stratégie de développement de cette industrie», ont-ils encore ajouté.
«Le recours à l'importation d'un million de tonnes de ciment en 2009 n'a eu aucun effet sur les projets en cours vu la conjoncture dans laquelle l'opération a été réalisée. Le même échec a été constaté lors de l'opération de 2002».
Outre l'importation, la SGP avait décidé de lancer trois projets d'extension pour augmenter les capacités de production de trois cimenteries publiques. Les projets concernés sont la cimenterie de Aïn El Kebira (Sétif) et de Chlef pour avoir deux millions de tonnes supplémentaires. Le troisième projet concerne le renforcement de la capacité de production de la cimenterie de Béni Saf, qui a été pourtant partiellement privatisée.
Des opérations lancées en plomb avec un montant colossal de 780 millions de dollars d'investissement conclus avec la Banque d'Algérie (BA). «Une autre décision qui n'aura pas d'effet immédiat tel que l'exige la situation actuelle dans la mesure où ces investissements ne peuvent être opérationnels qu'à compter de 2012.
Ceci en supposant que les études de maturation et d'engineering soient déjà réalisées, autrement ces projets vont mettre plus de temps», précisent nos interlocuteurs.
Cette situation risque de compromettre le lancement des projets du troisième quinquennat qui devront être lancés dès cette année. Le risque est le non-aboutissement des projets déjà lancés dans le cadre du programme de développement du sud et des hauts plateaux.
«C'est une gestion de crise cyclique par effet d'annonce au moment où la priorité devrait être accordée à l'urgence de mettre sur le marché des quantités importantes de ciment aussi bien pour les programmes de réalisation d'infrastructures de base que pour le simple citoyen».
Privatisation : les contrats sont-ils respectés ?
La dégringolade qu'a connue le secteur en 2009 est, en effet, en contradiction totale avec les résultats réalisés par les cimenteries publiques depuis 2002. Le marché du ciment a été marqué, depuis cette date, par une nette évolution de l'offre de près de 40%. Une stagnation a été cependant constatée ces trois dernières années, c'est-à-dire depuis 2007, pour ramener cette offre à 11,5 millions de tonnes.
L'autre dysfonctionnement est imputé aux résultats dérisoires des opérations de privatisation des cimenteries publiques de Meftah cédées à Lafarge, Zahana aux Egyptiens et enfin Souk El Ghozlane exploitée par les Italiens. Cette période a été également marquée par des déficits dans la production nationale par rapport aux résultats enregistrés durant les années précédentes.
Ces déficits varient entre 150 à 200 000 tonnes par an par cimenterie depuis 2008 et qui ont touché notamment les cimenteries privatisées partiellement.
Ainsi, une question s'impose : l'option retenue de la privatisation des cimenteries nationales a-t-elle été le meilleur choix qu'auraient fait les autorités algériennes ? Les données chiffrées sur la production de cette matière entre 2003 et 2007 relèvent les bonnes performances réalisées par les cimenteries publiques avant même qu'elles ne soient cédées.
Ainsi la production locale est passée de 8 millions de tonnes en 2003 à 9,5 millions de tonnes en 2004, dont 55% de la production réalisés par la cimenterie de Chlef. En 2005, la production a été de 10,4 millions de tonnes dont 53% ont été réalisées par les cimenteries de Sour El Ghozlane, Béni Saf et Zahana.
La production a atteint 10,8 en 2006 puis 11,7 en 2007 où 62% de la production ont été réalisés par les cimenteries de Aïn El Kebira, Meftah et Saïda. La baisse de la production a été constatée à partir de 2008 où la production a été de 11,49% puis en 2009, où les cimenteries ont totalisé 11,50 millions de tonnes. «Ce sont des résultats qui dénotent de la maîtrise au plan opérationnel de nos cimenteries», ajoutent nos sources.
La privatisation partielle de ces unités est intervenue, il faut le souligner, après des opérations de rénovation totale du matériel dont disposaient ces cimenteries. Résultats des courses : réduction de la production.
Là, les professionnels du secteur s'interrogent sur les capacités d'audit et de gestion des contrats d'association et de management passés avec les partenaires étrangers, aux conditions contractuelles elles-mêmes, qui doivent bénéficier d'une intention particulière de la part des autorités chargées de cet aspect.
La privatisation totale de la cimenterie de Djelfa suscite aussi des interrogations sur l'aboutissement de ce projet et l'intérêt qu'il a apporté à l'industrie du ciment en Algérie. Le projet en question a été maturé en 1990. Cette unité aurait pu, grâce aux moyens dont elle a été dotée, réduire la tension de la crise vécue durant les années 2000.
«La première phase de la réalisation du projet de la cimenterie de Djelfa venait tout juste d'être achevée sur le plan de l'étude et recherche. On attendait la mise en exploitation de cette cimenterie pour la mettre en production. Malheureusement, le projet n'a pas été mené jusqu'au bout et sa privatisation a été jugée précoce».
Absence de contrôle
Le recours à la privatisation s'avère donc inutile face aux projections faites sur le devenir du secteur qui a fait que 20 ans après leur réalisation, elles continuent de fonctionner avec une excellente situation financière, d'autant que le secteur avait prévu les moyens de développement de ses capacités productives en termes d'extension, de rénovation et de mise à niveau technologique.
Le recours à l'importation du ciment mobilise, en plus de l'investissement consenti jusque- là, des montants considérables puisque l'importation d'un million de tonnes revient à 120 millions de dollars américains alors que le coût des équipements montés d'une cimenterie pour cette même capacité s'élève à 200 millions de dollars.
La rénovation d'une cimenterie nécessite un budget n'excédant pas les 50 millions de dollars américains. Toutes ces décisions ont eu comme conséquences la stagnation des capacités productives en place, la perte croissante de parts de marché au profit d'autres opérateurs, puis à l'importation depuis quelques années, en plus du contrôle de l'autre partie par les investisseurs étrangers.
Le secteur est marqué actuellement par un manque de visibilité et de prévisions quant à la demande, en plus de la dégradation du circuit de distribution. Une autre défaillance qui engendre pour l'Algérie des coûts énormes.
La solution à cette situation catastrophique ne peut venir, selon les spécialistes en la matière, que de la reprise par l'Etat de ce secteur de la remobilisation de l'effort national pour corriger les dysfonctionnements et surtout relever les défis qui se profilent à l'horizon.


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