Allier l'oralité à l'écrit dans les diverses expressions artistiques témoigne d'une diversité d'influences avec comme substrat la réalité africaine. C'est ce qui ressort de l'exposition qui se tient au CCF du 03 au 31 janvier courant. Ces 34 illustrateurs déclinent leurs créations multiples pour décrire leur univers. Contes, légendes, quotidien, jeux constituent ce levain fécond à leur créativité. C'est une mémoire plurielle, colorée qui a engrangé d'innombrables souvenirs qui resurgissent sur ces dessins. Les différents supports et techniques, comme l'encre de chine ou la peinture, montrent cette réalité d'une jeunesse africaine avec ses rêves, ses préoccupations, ses désillusions et enchantements. Une imagination sans bornes, une bonne maîtrise et un parfait graphisme émanent de ces planches à grands formats. De ces dessins se dégagent une vigueur et une vitalité qui montrent que la création pour la jeunesse des pays d'Afrique subsaharienne a connu un bond qualitatif et conséquent. La réalité africaine Chaque illustrateur a investi dans un créneau se rapportant à la réalité africaine. Seydou Yara dénonce ce monde de violence et de guerre. Dans la même optique la bande dessinée de Vincent Nomo reprend ce thème avec un immense char vert à l'orée d'une forêt, vestiges des temps de conflits. Ali Zoromé nous plonge dans l'exubérance de ce continent chaud avec ses paysages resplendissants. Banza Moma s'attelle aux scènes de jeux, une ronde de femmes qui dansent et s'amusent entre elles. Dans cet esprit festif, Fiona Moodie, anime des jeunes et c'est dans un village de cases que Edmund Oparé fait évoluer des jeunes enfants et des femmes. Cette BD rappelle cette solidarité et cette convivialité que l'on retrouve dans cette Afrique aux couleurs multiples. Le conte africain célèbre Le grain magique a une place de choix dans le graphisme de Véronique Tadja qui la illustré avec des tons bigarrés. Elisabeth Pulles, Marjorie Van Heerden et Ken Wilson Max nous introduisent dans l'univers de la gent enfantine ; une enfance africaine où gaieté, soleil, joies et animaux sont les sujets centraux de ses illustrations. Pour Bawe Ernest M'banji, c'est l'histoire d'une dent cassée qui est à l'honneur ; le bambin la jette sur le toit de la maison pour que le lézard lui fasse pousser une autre à la manière de notre petite souris. Le dessinateur Kimona raconte la saga de l'ogre et Maman Fololo ; espiègle, cette dernière donne une couverture pleine d'épine à l'ogre qui hurle de douleur. Cette planche est superbe.
Les belles images de l'Afrique L'illustrateur William Wilson plaide pour les droits de l'homme en mettant en exergue le droit de retour avec ses propos «toute personne a le droit de quitter son pays et de revenir dans son pays» ; son dessin offre au regard un paysage, une maison et des personnes. Ali Ahmed Hassen et Jérôme Kimonax font référence aux animaux sauvages comme ces tigres et ces oiseaux ainsi qu'aux safaris tant prisés par les Européens. Pour sa part, Karine Diallo n'a pas omis de mentionner sur ses dessins le marché aux multiples couleurs et produits en Afrique avec son miel, son beurre de karité, ses noix de coco, ses ananas et ses bananes et épices. C'est une débauche de teintes criardes et chamarrées qui surgit de ce dessin de marché. Ces nombreux illustrateurs au talent avéré ont témoigné chacun à sa manière de leur quotidien et de leur vision de leur continent. Cette exposition intéressante mérite le détour à plus d'un titre.