C'est en l'absence de la majeure partie des représentants de l'opposition que s'est tenu hier, au niveau de l'Assemblée populaire nationale (APN), une journée parlementaire organisée par le Front national algérien (FNA), sous le thème «Le rôle de l'opposition dans l'émergence de la démocratie en Algérie». L'on compte également la défection du président de l'APN, Abdelaziz Ziari. Dans son allocution d'ouverture, le chef du groupe parlementaire du FNA, Saâd Arous, a d'emblée insisté sur la nécessité d'une «opposition constructive» qui obligera le pouvoir en place à adopter la bonne gouvernance comme moyen. Tout en affirmant que la constitution de 1989 a permis de donner plus d'assise à la liberté d'expression, l'orateur a rappelé l'expérience de son parti dans l'opposition «constructive». «Nous sommes un parti centriste qui dénonce les abus et applaudit les bonnes décisions», explique pour sa part Moussa Touati, président du FNA avant de laisser place aux invités. Pour Ahmed Adhimi, chercheur universitaire, qui estime que la transition démocratique repose sur deux concepts, l'opposition en elle-même est la démocratie. Selon lui, l'opposition doit être valorisée car elle est constructive. Tout en affirmant que toute opposition vise aussi le pouvoir, il prend l'exemple de la France qui a institué «la journée de l'opposition» mais estime que le concept de la démocratie n'est pas l'apanage des Occidentaux. «La transition démocratique est un long processus que l'opposition, qui est un pont entre le pouvoir et le peuple, peut écourter», explique Adhimi qui retrace les principales étapes historiques de l'opposition algérienne depuis les années 20 jusqu'en 1988. Durant les années 70, l'opposition a été réprimée, selon lui, car le régime prônait la légitimité historique. Toutefois, l'orateur considère que les évènements d'octobre 1988, qui ont abouti à l'ouverture démocratique, ne sont pas nés de cette idée d'ouverture. «Est-ce une révolte pour la démocratie ?», s'est-il interrogé, regrettant l'éclosion d'un multipartisme absurde. Pour le professeur Mustapha Saidj, qui lui a emboîté le pas, le processus démocratique se fait en 3 étapes : «transition, consolidation et stabilité». Or, il peut déboucher, selon lui, sur une crise, un clash, une regression ou encore une compétition. «Nous avons abouti à tout sauf à la compétition», fait-il remarquer, notant par ailleurs que la démocratie va de paire avec le développement économique. Pour sa part, Mme Bahloul, vice-présidente de l'APN, estime qu'il y a un réel multipartisme et un exercice efficace de la démocratie. Elle en veut pour preuve la représentation des partis au sein de l'assemblée à travers les groupes parlementaires qui participent aux travaux. Beaucoup d'intervenants ont par ailleurs montré du doigt l'opposition démocratique coupable, selon eux, de «non-démocratie», à l'instar d'un député FLN qui affirme qu'il n'y a pas de démocratie au sein des partis d'opposition». «Il y a plus de dissidence que d'adhésions», peste-t-il, oubliant les péripéties vécues par l'ex-parti unique d'où l'idée de redressement qui a émergé.