Oran offre à l'occasion du match Algérie-Egypte deux visages. Tantôt sereine, elle attend dans le calme l'heure de l'empoignade, et tantôt enjouée, elle se laisse aller à l'ambiance trépidante qui avait marqué les esprits à la veille de l'épopée d'Oum Dorman. Elle ne s'en est pas déparée depuis. La ville garde toujours son apparat. Les différents quartiers et cités continuent d'offrir au visiteur l'image d'une contrée cuvant sa liesse jusqu'à la lie. Les habitants du centre-ville ont tout prévu. Le couscous et le défilé en cas de victoire, et le débat passionné pour faire et refaire le match en cas de contre-performance. Mais tous ceux que nous avons approchés croient dur en les Verts. «Ils nous ont donné de la joie et ont ouvert notre appétit. Ils peuvent faire beaucoup de choses. Ils peuvent revenir de Luanda avec le trophée», dira Mourad Chaib qui a été de tous les voyages de l'EN en Afrique. «Cette fois, j'ai été retenu mais pour l'Afrique du Sud je ferai tout pour ne pas manquer le rendez-vous», précisera-t-il. La wilaya a décidé d'installer un écran géant au palais des sports pour permettre aux supporters de vivre ensemble les péripéties du match. «C'est mieux quand nous sommes nombreux. C'est moins stressant», note Ali. On prévoit également d'autres écrans géants à la place d'Armes et dans l'esplanade du lycée Lotfi. «Coursa hania» A Es Seddikia, les habitants des cités Cnep et Batimate Taliane se sont mis depuis quelques jours à l'ambiance du match. Toutes les boutiques sont ornées de l'emblème national et toutes diffusent des airs louant les exploits des Verts. «Dès que nous avons appris que nous allons affronter les Pharaons, on s'est mis à la fête. Coursa hania», note avec un brin d'humour Yacine, dont l'enthousiasme a été décuplé depuis l'excellente prestation des Verts devant la Côte d'Ivoire. «Ils ont du cran, ils peuvent aujourd'hui battre n'importe quelle équipe», affirme-t-il. «Même si nous perdons, nous défilerons» Les jeunes de ces cités ont remis les maillots et les survêtements de l'EN.Ils ont préparé les fumigènes et orné les voitures prévues pour le grand défilé. La défaite on n'y pense même pas. «Et puis se faire éliminer en demi-finale est déjà un exploit, car qui misait le moindre sou sur les chances des camarades de Ziani après la défaite face au Malawi ? Même si nous allons perdre devant l'Egypte nous défilerons», affirme Houari qui ne manque aucune occasion pour chambrer Abou Sakr, un ressortissant égyptien installé depuis des années en Algérie et qui travaille comme taxi clandestin. Les Oranais, que les dernières pluies n'ont pas découragés, s'apprêtent à vivre une nuit de fête. Certes, les mines sont un peu serrées, mais tous croient que les Verts ont un ascendant psychologique. Et quand on leur pose des questions sur l'issue du match, ils répondent tous : «Ce sera comme à Oum Dorman.» La baraka de Sidi El Houari La ville croit dur comme fer en les chances de l'équipe nationale de remporter cette édition de la CAN. «Par la baraka de Sidi El Houari et des saints patrons de toutes les villes d'Algérie, le match ne nous échappera pas», souligne Khalti Aïcha qui a remis son foulard aux couleurs nationales. Si la ville retient son souffle, c'est pour mieux crier sa délivrance et sa joie. Elle se retient et promet de s'enivrer de joie au coup de sifflet final. Les jeunes du quartier Edderb, qui ont pris l'habitude de faire un plongeon dans le jet de la place d'Armes, après chaque victoire des Verts, ont promis de remettre ça. «Nous avons piqué une tête dans l'eau gelée et nous avons même défilé torse nu alors qu'il pleuvait des hallebardes. Nous le ferons encore une fois car l'Algérie gagnera», précisera Saïd qui traîne un rhume depuis la victoire face à la Côte d'Ivoire.