Dans la wilaya de Tizi Ouzou, il y a des communes qui n'ont de tel que le nom. Le mot développement est un mot d'un vocabulaire que les populations n'ont pas encore intégré dans le vocabulaire local. Les manques y sont légion. Même les infrastructures de base sont quasi inexistantes. Sur les 67 communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou, celle d'Akerrou, dans la daïra d'Azeffoun, 60 km à l'est de la ville de Tizi Ouzou, est parmi les plus déshéritées de la wilaya. Accrochée au pied du mont Tamgout qui culmine à plus de 1000 m d'altitude, cette localité est dépourvue de tout. Le chef-lieu communal est loin de constituer une fierté pour les habitants. Le visiteur qui met les pieds pour la première fois dans cette bourgade est vite frappé par le dénuement qui la caractérise à tous les niveaux. Une commune dépourvue d'un siège d'APC ! Rien que pour sa mairie, son siège ressemble à tout sauf à un siège d'APC digne de ce nom. C'est le moins que l'on puisse dire de ce chalet américain en tôle, construit durant la guerre de libération nationale par les autorités coloniales. Il servait, jusqu'en 1968, comme école primaire. En 2001, suite aux événements qu'a connus la région, les émeutiers, dans leur furie, ont saccagé l'ancien siège. Depuis, par la force des choses, c'est ce chalet qui est devenu le siège pour l'APC d'Akerrou. A Tifrit Ath Elhadj, chef-lieu de la municipalité, le froid de cette fin de mois de janvier pénètre les os. Au premier regard, on supposera, au vu de la bâtisse, qu'il s'agit là du siège d'un détachement militaire puisque aux alentours des militaires et des gardes communaux montent la garde et veillent au grain. A l'intérieur de l'édifice, le personnel administratif éprouve toutes les peines du monde pour accomplir sa tâche convenablement à cause de l'exiguïté des lieux. La situation est indescriptible. Pêle-mêle, tous les agents des différents services travaillent dans un espace réduit composé de quelques mètres carrés. Seul, le secrétaire général, lui, a préféré s'installer dans un tout petit bureau au niveau du parc communal. «Je ne vous cache pas que la construction d'un nouveau siège pour notre commune est mon objectif numéro un pour ce mandat. Et je le ferai si Dieu le veut bien sûr», nous déclare M. Maouel, en sa qualité de premier magistrat de la municipalité, visiblement ému rien que par l'évocation de ce sujet. C'est un projet qui lui tient à cœur. En effet, les études de la réalisation d'un nouveau siège ont été achevées récemment. Le projet est déjà inscrit et une assiette foncière est dégagée pour accueillir ce projet qui, pour le moment, n'attend que son financement, d'après le maire. «La durée de la réalisation du projet, une fois lancé, ne dépassera pas 14 mois», nous précise le même responsable. Une lueur d'espoir pour une commune qui a tant souffert du terrorisme et qui en souffre encore. La présence des services de sécurité, notamment des détachements de l'ANP, est visible. Cette commune présente toutes les caractéristiques pour être une sorte de base arrière des groupes terroristes armés qui ont tétanisé cette région difficile d'accès et connue pour ses massifs forestiers. Si la situation sécuritaire s'est améliorée sensiblement comparativement aux années précédentes, il reste que les espoirs de la population locale sont restés étouffés. Le développement tant caressé n'a pas suivi. Les projets dont a bénéficié la commune d'Akerrou sont insignifiants.