La Fédération nationale des boulangers a demandé hier aux autorités du ministère des Finances de bénéficier du dispositif d'exonération d'impôts appliqué aux artisans. Le président de la Fédération, Youcef Kalafat, a indiqué que la subvention des prix de la farine accordée par l'Etat ne suffit plus et que le prix administré du pain désavantage les boulangers. En déplacement hier à Oran, où il devait rencontrer la délégation de l'Ouest pour la préparation de la participation algérienne à la coupe du monde du pain qui se déroulera en France à la mi-février, M. Kalafat a confié que la situation des boulangers est de plus en plus préoccupante, surtout dans cette région du pays. «Les charges sont de plus en plus importantes. Outre les salaires des travailleurs, nous avons les coûts de l'électricité et du gaz, les matières premières et les impôts. Le prix du pain est administré par l'Etat selon la qualité. On travaille pratiquement à perte», a-t-il affirmé, en soulignant que le prix du sel a augmenté de 5 à 10 dinars le kilogramme, celui de la levure passe de 250 à 300 dinars le kilogramme ainsi que le tarif de l'améliorant augmentant de 240 à 300 dinars. Ces hausses se sont répercutées, selon lui, sur la marge bénéficiaire des boulangers devenant du coup insignifiante. La farine, subventionnée par l'Etat, est achetée à 2000 dinars le quintal. A l'exception de la subvention pour la farine, les autres matières sont acquises selon la loi de l'offre et de la demande. Sur ce, la fédération souhaite que les autorités publiques interviennent pour trouver un mécanisme de subvention élargi à tous les intrants de manière à respecter le décret portant sur le prix du pain, dont la dernière tarification remonte à 1996. Les responsables de la Fédération ont saisi par des écrits les instances du ministère de la PME et de l'Artisanat, du Commerce et des Finances. «Nous souhaitons l'effacement et l'exonération d'impôts, car nous sommes considérés comme des artisans. Notre activité est vulnérable et dépend largement de la subvention de l'Etat», a ajouté M. Kalafat, tout en précisant que le système de subvention de la farine mis en place est très efficace et qu'il va falloir l'élargir aux autres matières indispensables à la fabrication du pain. Les boulangers à l'origine de l'informel S'agissant du marché informel du pain, le président de la fédération a estimé que ce problème est d'une autre nature et nécessite un travail de fond. Depuis quelques années, des vendeurs à la sauvette proposent le pain dans les grandes artères des villes du pays, mais à un prix de 10 dinars. Ce commerce s'opère généralement à partir de 13h, au moment où les boulangeries ferment. Certains crient au vol organisé et d'autres estiment qu'il s'agit plutôt d'une pratique visant à compenser le manque à gagner dû à la vente du pain ordinaire au prix de 7,5 dinars. Le marché du pain devient ainsi malsain au vu et au su des autorités du commerce. Certains s'interrogent sur l'indisponibilité du pain dans les boulangeries surtout l'après-midi et le déficit des boulangeries dans certaines régions du pays. Des interrogations légitimes, selon la fédération des boulangers, qui avance comme principale réponse les problèmes inextricables induisant la faillite et la cessation d'activité. L'Algérie compte aujourd'hui 12 000 boulangeries pour une population estimée à plus de 35 millions d'habitants. Concours des meilleurs boulangers Par ailleurs, la fédération des boulangers est partie prenante de la coupe du monde du pain qui va se dérouler en France à partir du 15 février. L'Algérie sera représentée pour la seconde fois. Dans cette perspective, des concours nationaux seront organisés afin de sélectionner une équipe de six artisans boulangers.