Depuis quelques jours, le prix du sucre a atteint 90 DA le kilogramme. La précieuse denrée, dont le prix a presque doublé depuis plus d'un an, sera une nouvelle source d'inflation et de réajustement des prix de certains produits, notamment l'industrie alimentaire. Les prix devraient connaître une hausse continue en raison d'une insuffisance des stocks mondiaux. Les ménages et les pâtissiers, en particulier, assistent impuissants à cette flambée inattendue. «C'est vraiment difficile de travailler dans ces conditions, les prix sont constamment instables», nous a avoué hier un boulanger à Alger-centre. Les spécialistes expliquent la tendance haussière des prix du sucre en ce début 2010 par des problèmes d'approvisionnement, qui ont déjà provoqué le doublement des prix en 2009. Le déficit mondial devrait atteindre 13,5 millions de tonnes (mt) en 2009/2010. Le marché devrait ainsi connaître une deuxième année de production insuffisante, après une saison 2008/2009 marquée par un déficit de 15,8 mt. Les experts ajoutent que les rendements les plus faibles sont attendus en Thaïlande et en Mexique. Il semble que l'ère du sucre peu cher est bel et bien terminée. Dans ce contexte, le Brésil, la Thaïlande et l'Australie ont exprimé hier leurs inquiétudes quant à la proposition de Bruxelles d'augmenter les exportations européennes de sucre de 500 000 tonnes, qui va, selon eux, à «l'encontre des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)». La Commission européenne avait indiqué le 27 janvier qu'elle envisage d'autoriser le secteur européen du sucre à exporter 500 000 tonnes de plus d'ici juillet, s'ajoutant à son quota annuel de 1,34 million de tonnes de sucre subventionné. L'UE a justifié cette décision par une «situation exceptionnelle» de pénurie et de cours élevés sur le marché mondial, promettant qu'il s'agissait d'une mesure «temporaire». Les industriels de l'alimentation sont sceptiques et n'écartent pas des hausses des produits fabriqués à l'aide de cette matière, à l'instar des boissons gazeuses, des jus de fruits et des biscuits. Les fabricants pourraient être tentés aussi de compenser la hausse du prix en substituant plutôt la matière grasse. A ces prix-là, la demande va finir certainement par chuter. En 2009, les importations des sucre et sucreries ont connu une hausse de 29,57%, passant de 439,15 millions de dollars en 2008 à 568,99 millions de dollars, selon les chiffres du Cnis.