Le marché de l'habillement de Zoudj Ayoun, dans la commune de La Casbah, risque de poser de gros problèmes à l'APC. Aménagé «provisoirement» à la place de bâtisses tombées en ruine, dans le cadre de la lutte contre le marché informel, cet espace commercial ne cesse de s'agrandir. Il compte à ce jour 485 étals, où les locataires semblent bien installés. Le ministère de la Culture aurait réclamé à l'APC l'évacuation des lieux, les deux parties du marché prenant en sandwich la mosquée Ali Betchine, un monument historique en cours de restauration. Sous la pression exercée sur elle par des jeunes commerçants de Zoudj Ayoun, l'APC de La Casbah a fini par apporter mercredi son aide à la reconstruction des parties du marché de l'habillement ravagées par le feu samedi 30 janvier. Le président de l'APC a en effet donné son accord de fournir aux concernés des matériaux afin de réaliser une toiture, a appris jeudi Le Temps d'Algérie auprès du chef de ce marché et des vendeurs. Les travaux d'installation ont été engagés le même jour, précise-t-on. «L'incendie a touché 17 boutiques, mais la toiture qui est en cours d'installation mettra à l'abri 24 boutiques», affirme le chef du marché. «Dieu merci, l'APC nous a aidés», déclare un des commerçants touchés par le sinistre. Une semaine après les faits, l'endroit dégage toujours l'odeur de brûlé. Le feu a réduit en poussière d'importantes quantités de marchandises comme il a endommagé les boutiques elles-mêmes pourtant montées en utilisant des structures en métal. Sur l'origine de cet incendie, le chef du marché précise que la police scientifique n'a pas encore fait connaître les résultats de son enquête. Officiellement, l'APC évoque un problème de court-circuit électrique alors que les locataires parlent d'«acte criminel', autrement dit, l'incendie aurait été prémédité. Le responsable de cet espace de négoce s'en tient toujours à la thèse des autorités locales. Le réseau électrique desservant les boutiques ressemble à une toile d'araignée. Les fils de différentes dimensions vont dans tous les sens. «Il faut savoir que le marché a été provisoirement aménagé au courant de l'année 2005 sans qu'il soit alimenté en électricité. L'idée était que les commerçants activent normalement dans la journée, mais évacuent les lieux, avec leurs marchandises, dans l'après-midi. Donc pas besoin d'éclairer l'endroit», explique-t-il. Les boutiquiers, par contre, ont procédé à des branchements illicites massifs. Au vu des installations, le risque de nouveaux courts-circuits n'est pas à écarter. Divisé en deux parties et constitué de 485 boutiques, le marché de Zoudj Ayoun est l'exemple type du provisoire qui dure. A terme, il constitue pour les autorités locales une bombe à retardement. A cause de la prolifération du marché informel dans les rues de la vieille ville, rappelle-t-on, les services de l'APC de La Casbah ont pris la décision d'installer «provisoirement» un marché à la place de bâtisses tombées en ruine. Les trabendistes de la place des Martyrs y ont été donc installés. L'APC a mis à leur disposition des étals (de petites tables protégées par des bâches). Ces étals sont actuellement rares : les locataires les ont transformés en boutique, sorte de cage en métal protégée par des rideaux métalliques. Le chef du marché explique cette transformation : «Quand le marché a été inauguré, les vendeurs travaillaient le matin et quittaient les lieux le soir. Petit à petit, ils commençaient à disposer de grande quantité de marchandises qui rendaient difficile leur déplacement. C'est ainsi que des magasins de consigne ont vu le jour dans les environs. Les commerçants, à cause des frais de consigne, ont fait pression sur l'APC afin de les autoriser à se doter de coffres. Ce qui fut fait. Actuellement, les vendeurs ont tous un coffre où ils emmagasinent leurs marchandises. D'autres ont profité de cette autorisation et ont transformé les étals en boutiques.» Les plus ingénieux ont trouvé la parade : ils sous-louent au prix fort leur table (ce qui est interdit) et continuent leur trabendo dans les rues de la Basse-Casbah. Pis, les locataires donnent l'impression d'être bien installés dans cet endroit, ce qui est un mauvais présage : le ministère de la Culture aurait saisi l'APC afin de faire évacuer les deux assiettes. La raison ? Les deux parties du marché prennent en sandwich la mosquée Ali Betchine, un monument historique en cours de restauration.