C'est dans une atmosphère conviviale qu'a eu lieu ce samedi à la librairie Chihab la présentation de l'ouvrage Parcours d'un militant de Mohamed Mechati. D'emblée, l'historien et directeur de la revue Naqd, Daho Djerbal, a fait une succincte communication sur le parcours de ce militant et sur la nécessité impérieuse de la réécriture de l'histoire de notre pays une histoire objective et impartiale permettant de nous réconcilier avec nous-mêmes et de nous targuer de notre identité. «C'est un des rares ouvrages qui reflète un pan de l'histoire de l'Algérie, d'autant que Mohamed Mechati a été un témoin et un militant de la première heure. «Ce témoignage est une contribution à jeter la lumière sur certains aspects méconnus ou ignorés», dit il. M. Djerbal a mis en exergue la vie de ce militant clandestin durant les années difficiles 1950/1954.
Des zones d'ombre et des moments de gloire Il ressort que cet ouvrage apporte des éclaircissements sur certaines périodes du mouvement national, et comme toute guerre ou conflit, il y a des zones d'ombre et des moments de gloire. Beaucoup de heurts, d'animosité, de discordes, de zaïmisme ont jalonné l'histoire du mouvement national. M. Mechati a tenu à évoquer ces faits mis sous le boisseau pour que les générations montantes connaissent leur histoire. «Certains amis et M. Djerbal m'ont incité à écrire mes mémoires pour l'histoire de l'Algérie, au regard de certains militants qui ont été complètement ignorés ou marginalisés ; à ce propos, ma pensée va à Hocine Lahlou, à Lamine Debaghine et à Benyoucef Benkhedda, lesquels furent en résidence surveillée durant une époque donnée. C'est pour une réhabilitation de l'histoire et mettre fin à certains détracteurs qui falsifient les faits historiques», s'est exprimé avec beaucoup d'émotion M. Mechati. A ce sujet, il rappelle que le comité des 22 n'est en fait que le comité des 21 dont un membre était chargé de la logistique et n'avait pas assisté à cette rencontre qui s'est déroulée à El Mouradia l'été de l'année 1954 . Faisant référence à cette réunion qui a regroupé 16 membres du Constantinois, et de la ville de Constantine, 4 d'Alger et 1 d'Oran, il avoue qu'elle a été initiée par feu Mohamed Boudiaf qui, devant l'urgence de la situation, a convoqué ces membres pour décider du déclenchement de la révolution. Une réécriture objective de l'histoire A cet effet, il souligne que « les hommes politiques aux ambitions démesurées sont sourds et aveugles et peuvent commettre des crimes». Ce clin d'œil est orienté vers feu Boudiaf. «Il fallait refaire une autre rencontre avec les états-majors ; cela a été un démarrage boiteux et anormal du groupe des 21», affirme-t-il tout en arguant qu'il est indécent de dénigrer les morts mais la réhabilitation de l'histoire l'exige. Parallèlement, il a dénoncé la situation préjudiciable qui prévalait à l'époque avec les dissensions entre messalistes et centralistes, ce qui affaiblissait la résistance nationale. Parallèlement, étant membre de l'OS (organisation spéciale) et un des premiers responsables de la fédération du FLN en France, il évoque ses responsabilités et son rôle au sein de cette structure. Par cet ouvrage de bonne facture Parcours d'un militant, Mohamed Mechati du haut de ces 89 ans, a gardé une mémoire étonnante et n'a pas d'animosité. Loin de lui toute accusation, ou diatribe, ou invective à l'encontre de qui que ce soit, mais son unique objectif est la réécriture objective et impartiale de l'histoire de la révolution algérienne.