L'auteur étale les divergences ayant émaillé les débats sur l'option de la lutte armée. Avec l'ouvrage de Mohamed Méchati, le lecteur tient entre les mains le témoignage de l'un des rares survivants du fameux «Comité des 22». Appelé, ensuite, «Comité des 21», ce groupe de militants de la cause nationale a joué un rôle capital dans le déclenchement de la Révolution. L'été de l'année 1954, la crise qui minait le Parti du peuple algérien (PPA) provoque l'implosion de ses rangs. Centralistes et Messalistes s'affrontent à couteaux tirés. La nouvelle direction du parti conteste le «Zaïmisme» de Messali El Hadj. Pour leur part, les fidèles de ce dernier défendent bec et ongles les thèses de celui que l'on appelle communément «le père du nationalisme algérien». Le Mouvement nationaliste vit ainsi une période cruciale. Pour autant, la cause indépendantiste partait droit dans l'impasse. Cependant, un groupe de militants allait provoquer «le déclic» tant attendu. Issus de l'Organisation secrète (OS), l'aile armée du PPA dissoute, ces militants se réunissent dans une maison paisible située à El Mouradia (ex-La Redoute), sur les hauteurs d'Alger. Tenue en secret, cette réunion débouchera sur une décision devenue, depuis, un événement historique: l'option de la lutte armée. Parmi ce groupe figure un jeune Constantinois au militantisme effervescent. Il s'agit de Mohamed Méchati, l'auteur de l'ouvrage. Etalé sur 237 pages Parcours d'un militant retrace le chemin de l'un des acteurs importants de la Révolution algérienne. Ce témoignage fait la lumière sur un moment- clé du combat de l'Algérie pour son indépendance. Aussi, il renseigne sur le long cheminement d'un militant forgé au gré des événements sur le sol ancestral gorgé de culture orale et de traditions séculaires. «En suivant l'itinéraire du témoin depuis sa prime enfance, nous nous trouvons plongés dans le milieu constantinois qui l'a porté et qui lui a transmis ses premiers savoirs, ceux qui vont lui permettre de survivre à tant d'épreuves», a écrit, à ce propos, l'historien Daho Djerbal dans la préface du livre. Ainsi se décline la société dans ses différentes composantes. Edité par Chihab Editions, l'ouvrage est réparti en huit chapitres. Le premier est consacré à l'enfance de l'auteur. On y découvre l'environnement social dans lequel est né et a grandi Mohamed Mechati. L'auteur replonge dans l'univers de son enfance. Ainsi, il nous fait découvrir la vie populaire quotidienne dans la ville des Ponts suspendus. Il remonte jusqu'aux tendres souvenirs des jeux de société d'alors. «Les divertissements traditionnels se déroulaient au contact des confréries religieuses. Constantine en comptait près d'une dizaine», se souvient l'auteur. Aussi, ce dernier nous raconte comment le pouvoir colonial utilisait certaines de ses confréries pour contrecarrer l‘Association des Uléma algériens, créée par cheikh Abdelhamid Benbadis. Cet épisode contient des détails importants pour comprendre l'histoire contemporaine de l'Algérie. Les débuts du jeune Mohamed dans le militantisme remontent à l'année 1945. Il fut introduit au sein d'une cellule du PPA par son cousin Kerouaz. Après deux mois de mise à l'épreuve, il fut présenté au grand Mohamed Belouizdad. «C'était un jeune homme de belle allure, très maigre et qui sera trop tôt rattrapé par la maladie et la mort survenue en 1952», se souvient de lui l'auteur. Ce dernier introduit à l'OS, sera affecté à Alger en 1949. S'ouvre alors une longue voie qui le mènera à la Fédération FLN en France. Durant tout ce chemin, l'auteur s'attardera avec des témoignages inédits, sur les divergences ayant émaillé les débats sur le choix de la lutte armée. Il nous fait découvrir l'incertitude qui entourait le déclenchement de la Révolution algérienne. Parcours d'un militant est celui d'une génération qui a déclenché l'un des mouvements de décolonisation les plus importants du siècle précédent.