Le pauvre citoyen justiciable ne peut plus frapper aux portes de la justice.Trop chères et si coûteuses sont de nos jours les affaires traitées par les tribunaux. En attestent les montants élevés des honoraires réclamés par les huissiers de justice, de même que les frais exorbitants déboursés lors de la traduction des documents judiciaires.» Voici le constat établi par Menad Bachir, président de l'Union nationale de l'Ordre des avocats. Il dénonce d'emblée et au nom de la corporation des robes noires ce qu'il qualifie de «justice des riches» puisque, de son avis «le simple citoyen est de plus en plus dans l'incapacité de faire face aux multiples dépenses que recommande le traitement de son affaire judiciaire» fera savoir en substance notre interlocuteur contacté hier par nos soins. Bachir Menad persiste à dire que depuis l'entrée en vigueur du nouveau décret fixant les honoraires des huissiers de justice publié dans le Journal officiel du 15 février 2009, «le citoyen à faible revenu se voit dans l'obligation de réfléchir à deux fois avant d'engager quoi que ce soit comme procédure judiciaire», dira-t-il. A cela s'ajoute, de l'avis de notre interlocuteur, l'obligation faite par la justice de traduire tout document judiciaire en langue arabe. En ce sens, le président de l'Union de l'Ordre des avocats ne manquera pas de mettre en exergue une anomalie qui semble bien ancrée dans ce domaine. «Je considère qu'il est anormal et même inadmissible que l'on exige du justiciable de traduire en arabe des documents qui sont remis par l'administration algérienne en langue française», s'est indigné Menad Bachir. Et pour mieux étayer ses dires, il ajoutera : «Lorsqu'on vous remet une expertise de 200 à 300 pages en français que vous êtes par la suite obligé de traduire en langue arabe à raison de 1200 DA la page, cela vous exige de débourser une somme importante.» En effet, cela donne un total de 360 000 DA, soit 36 millions de centimes dans le cas où l'expertise sus-évoquée comprend 300 pages. Ahurissant ! Notre interlocuteur a tenu en outre à préciser que tous ces aspects liés aux frais exorbitants imposés au justiciable dans le cadre du traitement de son affaire par la justice ont été inscrits à l'ordre du jour de l'assemblée générale ordinaire de l'Union nationale de l'ordre des avocats algériens. Cette rencontre, qui a réuni quelque 13 bâtonniers de l'Ordre des avocats et pas moins de 300 membres de l'Union, s'est déroulée samedi dernier à Mostaganem. Poursuites judiciaires contre… les avocats ! Comme conclusions retenues de l'assemblée générale de l'Union de l'Ordre des avocats, il est question d'un appel à la révision de certains articles du code de procédure civile et administrative notamment ceux imposant des dépenses excessives pour le justiciable. L'Union de l'Ordre des avocats a également dénoncé les poursuites judiciaires dont font l'objet certains éléments de la corporation des robes noires. «Nous avons demandé d'établir une évaluation sur le nombre d'avocats qui sont poursuivis à travers tout le territoire national», dira à ce sujet Menad Bachir. La même organisation a aussi appelé à l'accélération de la mise en place des tribunaux administratifs, de même que l'activation et la promulgation du nouveau statut de la profession d'avocat qui est à l'étude au niveau du secrétariat général du gouvernement. Interrogé sur les honoraires des avocats, Menad Bachir a signifié que la corporation à laquelle il appartient ne dispose pas de barème en ce sens. Cela dépend, a-t-il dit, de l'expérience de l'avocat, de la négociation avec son client et de la nature de l'affaire dont il est appelé à assurer la défense. «Un avocat qui exerce dans un milieu rural ne doit pas exiger les mêmes honoraires que celui exerçant en centre-ville, notamment dans les grandes mégapoles du pays», a-t-il conclu.