La politique d'accompagnement des agriculteurs est confrontée à de multiples embûches. Les mesures prises par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, cette année, pour inciter les fellahs à investir dans la céréaliculture manquent de vision et d'une stratégie englobant l'intérêt de notre pays à développer la culture céréalière pour réduire la facture de l'importation et éliminer la dépendance dont notre pays reste prisonnier de certains pays exportateurs. Selon les données actuelles, la région de Draâ El Mizan, qui constitue une source pourvoyeuse d'importantes quantités de céréales chaque année, ne sera pas au rendez-vous selon les avis recueillis auprès de nombreux fellahs. Rappelons qu'au début de la saison labours-semailles, plusieurs centaines d'hectares de terre agricole ont été emblavées. Il faut préciser que le prix de vente d'un quintal de blé a été revu à la hausse l'année dernière, il est de 4500 DA/q. Cette décision a encouragé les fellahs à investir plus dans ce créneau. Cependant, l'absence des services concernés de l'Etat afin d'accompagner les agriculteurs risque de peser lourd sur le taux de rendement en céréales cette année. La pénurie des engrais est pénalisante. Ils se vendent à des prix exorbitants sur le marché parallèle. A qui la faute ? La subdivision agricole réduite à une simple boîte aux lettres Les céréaliculteurs de la région de Draâ El Mizan souffrent énormément de l'absence d'engrais. La pénurie revient à la charge chaque année pour pénaliser plusieurs fellahs. Aucune solution ne se profile à l'horizon malgré les doléances exprimées par les fellahs auprès des responsables concernés. Ils sont des dizaines à demander leurs quotas auprès des services de l'agriculture. Il y a lieu de signaler que, depuis une dizaine d'années, la distribution des engrais a été interdite aux particuliers, elle a été mise sous le contrôle des services de l'agriculture. Les causes sont d'ordre sécuritaire. Actuellement, pour bénéficier d'un quota d'engrais, il faut tout d'abord retirer une fiche signalétique au niveau de la chambre de l'agriculture, sise au chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Par la suite, le fellah doit la déposer à la subdivision agricole de Draâ El Mizan accompagnée d'une demande qui doit être légalisée auprès des services de l'APC. Après quoi, le fellah sera obligé d'attendre à ce que les engrais soient distribués au service agricole de Draâ Ben Khedda. Dans le premier cas, l'information de l'arrivage des engrais ne parvient pas aux concernés en temps réel. Dans le deuxième cas, si la demande n'a pas abouti dans un délai d'un mois, l'agriculteur doit refaire la même procédure administrative pour déposer une autre demande d'obtention d'engrais. On parle ici d'un vrai parcours du combattant et d'une perte de temps. L'entrave est majeure pour lancer l'activité agricole dans la région. Selon les fellahs questionnés, «c'est à nous de faire la navette parfois une fois par semaine pour nous renseigner à Draâ Ben Khedda pour savoir si les engrais sont distribués ou non. Ici, la subdivision agricole de Draâ El Mizan ne nous donne même pas le minimum d'informations. Ils ne savent même pas si les engrais sont disponibles au niveau de leur service à Draâ Ben Khedda. Je ne vois pas l'utilité de cette subdivision. C'est aberrant ! Notre région est à vocation agricole, mais les fellahs sont complètement ignorés», nous expliquera Fodil, agriculteur du village Boufhima. Avant d'ajouter : «Selon mes informations, les engrais arrivent d'une manière régulière à Draâ Ben Khedda, mais ils sont accaparés par certaines personnes influentes. Nous sommes les dindons de la farce !» Les céréaliculteurs de Draâ El Mizan sont nombreux à avoir manifesté leur mécontentement du travail de la subdivision agricole locale. Elle est réduite à une simple boîte aux lettres, alors que son travail doit se baser sur l'information et l'accompagnement des fellahs dans leur travail, et par ricochet les assister dans les démarches administratives et autres opérations de vulgarisation. Un concours pour les céréaliculteurs… et puis ? Un avis de concours a été lancé par les services de l'agriculture de Draâ Ben Khedda au bénéfice des agriculteurs de la région sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce concours couronnera le premier fellah en matière de rendement de céréales (qualité et quantité). Selon le constat établi, ce concours n'atteindra pas les objectifs escomptés si les moyens nécessaires pour réussir l'année agricole 2009-2010 ne sont pas de la partie. A noter que selon les agriculteurs de la région de Draâ El Mizan, qui est, faut-il le dire, classée à la première position à l'échelle de la wilaya en matière de quantité de blé récoltée chaque année, le rendement pour un hectare est en baisse continuelle d'une année à l'autre. Cela est imputé à l'absence des engrais. «Si les engrais n'arrivent pas en temps opportun, ils ne seront pas vraiment utiles pour les céréales. Par exemple, l'ammoniac, s'il n'est pas utilisé avant la fin du mois de mars, il ne sera d'aucune utilité pour les céréales», nous dira Mohamed, agriculteur. A quoi sert donc un concours de céréales sans moyens adéquats ? Message aux responsables.