Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré ce week-end que les relations entre l'Algérie et la France s'épanouiront mieux avec la disparition de la génération de Novembre. Cette déclaration a soulevé l'ire de la classe politique algérienne, qui a condamné rigoureusement les propos du chef de la diplomatie française. Le Parti des travailleurs, par la bouche d'un membre de son bureau national, en la personne de Ramdane Taazibt, pense que la déclaration de Kouchner est «une provocation intolérable et en même temps méprisable». De l'avis du militant du PT, «le ministre français doit avoir oublié que l'Algérie est indépendante depuis 1962». Précisant que le «french doctor» sera jugé par l'histoire comme un complice criminel pour ce qu'il a commis en ex-Yougoslavie par exemple, M. Taazibt avoue que la déclaration du chef de la diplomatie française est condamnable. Il a indiqué en outre que l'action entamée en Algérie concernant le passé criminel de la France coloniale n'est pas du goût de Kouchner «mais, malgré tout, l'Algérie reste libre et indépendante». Pour sa part, le secrétaire général du parti Islah, Djamel Benabdeslam, a déclaré que ce qu'il y a lieu de mettre en évidence dans les relations algéro-françaises, «ce sont les crimes qu'a commis la France en Algérie. Ces crimes ne sont pas seulement gravés dans la mémoire de la génération de Novembre, mais l'histoire doit être transmise aux générations montantes afin que nul n'oublie». Considérant que la mémoire n'oubliera jamais les crimes coloniaux commis en Algérie, le secrétaire général du parti Islah estime que «le souvenir de ces millions d'Algériens tués par les Français en Algérie ne s'estompera jamais de la mémoire de la génération post-indépendance, qui a reçu le message de ses prédécesseurs que sont les moudjahidine». M. Benabdeslam rappelle à Bernard Kouchner que «ces moudjahidine ont ridiculisé la France». Le FNA est du même avis : son porte-parole, Mohamed Tine, a affirmé que «les nouvelles générations en Algérie continueront toujours à se nourrir du patriotisme, et il suffit de remonter aux victoires de l'équipe nationale de football pour découvrir à quel point les nouvelles générations en Algérie aiment leur pays». Le porte-parole du FNA ajoutera que, d'après les propos de Bernard Kouchner, «on comprendra que la tentation colonialiste est très forte chez nos amis français». Estimant que ce qu'a déclaré le ministre des Affaires étrangères français est «ridicule» et qu'il peut être considéré comme une fuite en avant de la part du diplomate. «Mais l'Algérie, dans ce contexte, ne répondra que par la loi, ne serait-ce que celle criminalisant le colonialisme», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le FNA avoue «ne pas comprendre un tel comportement de la part du ‘'french doctor'', alors qu'à présent même l'opinion publique en France en veut au passé colonial de son pays». Signalons que nous avons essayé de joindre les autres partis pour collecter leurs avis, mais nos tentatives sont demeurées infructueuses.