Kouchner fait encore des siennes et se présente comme la synthèse de l'arrogance d'une France nostalgique de son passé colonial faute de pouvoir maintenir sa suprématie par la justice, la reconnaissance de ses crimes et grandir aux yeux de ses anciennes victimes en leur demandant pardon. Kouchner fait mieux en espérant voir les relations algéro-françaises se normaliser et se dépassionner après la disparition de la génération des novembristes. Comme si la disparition des pères de la révolution française de 1789 a rendu les Français amnésiques quand à leur histoire, ou comme si la disparition des résistants français au fascisme et au nazisme a tué chez les Français leur haine à ces horreurs de l'histoire. Kouchner ne comprend donc pas que tant que l'Algérie et la France existent, il y aura des Algériens et des Français. Tant que la France ne reconnaît pas ses crimes, il y aura une Algérie qui rappellera à la France ses horreurs coloniales. Tant qu'il y aura des Français aussi arrogants que Kouchner, il y aura des Algériens déterminés à damer le pion à ces énergumènes hautains et méprisants. Car, Kouchner semble croire que seuls les Français ont le droit d'exiger le pardon de ceux qui l'ont agressé. A ce propos, Adenauer l'avait fait parce qu'il était un grand homme qui dirigeait un grand pays et qui n'avait aucune honte à demander pardon au Français pour des crimes commis par un régime qu'il a combattu lui-même. Mais Adenauer avait assumé le passif de toute l'Allemagne de Bismarck et d'Hitler. Dans l'une de ses réactions épidermiques à la question de la repentance, Sarkozy a fait fi de son statut d'homme d'Etat et de président de la République française dont il assume tout le passé glorieux et victorieux sauf les crimes coloniaux pour dire qu'on ne peut lui faire assumer la responsabilité d'actes commis par ses ancêtres. En d'autres termes, l'Establishment français s'entête à glorifier la colonialisme et refuse d'admettre la responsabilité de l'Etat français dans les crimes commis pendant la période coloniale et pratique une politique de fuite en avant en espérant que la disparition des acteurs de la guerre d'indépendance rendra tous les Algériens amnésiques et peut-être même demander pardon à la France pour les errements de leurs aînés. Manifestement, Sarkozy a saisi l'ampleur des dégâts collatéraux commis par les déclarations intempestives et irresponsables de son chef de la diplomatie. Le fait qu'il ait dépêché son homme lige, Claude Guéant, accompagné de deux autres proches du président français, à Alger est assez révélateur de l'embarras de l'Elysée. Cependant, rien n'a filtré de la rencontre de Claude Guéant avec le Premier ministre algérien, alors que les propos blessants de Kouchner sont publics. C'est pourquoi le message de Sarkozy doit être aussi public et aussi clair que celui de son ministre des Affaires étrangères. Ce dernier a insulté les générations montantes. Ces générations qui ont repris le flambeau et ont porté haut les couleurs nationales pour lesquelles des Algériens se sont sacrifiés. Les manifestations populaires lors des victoires des Fennecs, sont assez éloquentes sur ce qui attend Kouchner dans dix ou vingt ans. Tant qu'il y a des Algériens, la mémoire collective sera vive et n'oubliera rien des crimes coloniaux de la France. A. G.