Voilà une fois de plus, Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, qui se fait dans l'ingérence dans les affaires intérieures de l'Algérie. S'attaquer à la génération de Novembre 54, pour un ministre de l'Etat français signifie tout simplement une flagrante immixtion dans les affaires d'un Etat souverain. Ce vocabulaire qui sort amplement de l'éthique diplomatique reflète l'insistance de Paris à vouloir se maintenir toujours au stade colonial. C'est dire que le propos de Kouchner ne trompe personne. Car les faits sont têtus et seule la vérité est évidente dans ce genre de déclaration. Or quels sont les faits et quelle est la vérité ? En dépit de quarante-huit ans de souveraineté, l'Algérie continue de subir une multitude de conspirations de la part de l'ex-puissance coloniale. L'Algérie exigeant par la voix de ce qui ont arraché l'indépendance et de tout le peuple, la repentance et le pardon de la France pour ses crimes commis en Algérie durant 132 années de colonisation, continuera à demander la vérité. La survie de l'Algérie pendant la domination coloniale est le résultat de luttes incessantes qui aboutirent à la reconquête de la souveraineté nationale. La Révolution de Novembre 54, ses acteurs martyrs et ceux encore en vie, constituent un acquis majeur de l'Histoire de tout un peuple. C'est dire, aujourd'hui, que la jeunesse algérienne consolide cette indépendance nationale en refusant toute forme d'influence ou d'ingérence. Aujourd'hui, le peuple algérien est un peuple jeune. Plus de la moitié de la population algérienne a moins de vingt ans, et elle n'oubliera jamais que sa liberté présente et la souveraineté du pays ont été arrachés par le sang. Et c'est ce qui gêne précisément Kouchner et consorts, ces nostalgiques de l'Algérie française, ceux qui redoutent les positions de l'Algérie. Or, face à cet assaut concerté et multiforme contre les acquis historiques du peuple algérien, la France officielle devra comprendre que les temps ne sont plus les mêmes ; il y a en face un pays souverain, libre de ses mouvements et de sa capacité à gérer lui-même ses propres affaires. La classe politique algérienne non surprise par ces déclarations émises surtout par Kouchner, qualifie ces propos de provocations. Saïd Bouhadja, porte-parole du FLN dira que "suite aux déclarations de Kouchner, le FLN considère que l'Algérie est tout d'abord, un Etat souverain et indépendant, gérée par des institutions". Pour M. Saïd Bouhadja, il n'appartient à personne de s'ingérer ni de lui dicter ses positions. "Les relations entre Etats doivent tenir compte de cela et ne pas verser dans l'ingérence ; au contraire elles doivent reposer sur un respect mutuel, caractérisé par un dialogue franc et constructif", précise M. Bouhadja. Djemaâ Mohamed, porte-parole du MSP, considère pour sa part qu'"à l'instar de toute la classe politique algérienne le MSP condamne ces déclarations. Nous persistons à ce que la France reconnaisse ses crimes à l'égard des Algériens durant la colonisation et présente ses excuses". Pour un membre de la direction du PT, plus rien ne surprend de la part de Kouchner. "Il est nostalgique de la colonisation. Nous avons arraché notre indépendance depuis 1962, faut-il le rappeler, et le choix des dirigeants du pays ne regarde pas les dirigeants français ; cela ne regarde que le peuple algérien. Les déclarations de Kouchner sont une ingérence dans nos affaires intérieures".