Hassi Messaoud ploie sous le poids de la décrépitude. L'idée de sa délocalisation énoncée solennellement depuis le printemps 2005 reste à ce jour au stade de projet dont la concrétisation n'a que trop tardé. Hassi Messaoud, en tant qu'agglomération urbaine, est une ville qui est appelée à disparaître pour renaître une centaine de kilomètres plus loin, à proximité de la route menant vers Touggourt. En attendant que ce projet dont le coût avoisine les 6 milliards de dollars devienne réalité, force est de constater que l'actuelle Hassi Messaoud offre un spectacle désolant. Nombreux ceux qui imaginaient celle-ci tel un véritable eldorado en raison assurément de sa réputation de «poumon économique du pays», sauf qu'une fois sur les lieux, ils découvrent stupéfaits qu'ils ont plutôt affaire à un dépotoir à ciel ouvert. Ce qualificatif n'est pas osé, il atteste d'un constat bien réel. Incontestablement, l'environnement de Hassi Messaoud sombre dans la décrépitude. Des tas d'immondices amassés çà et là, un marché qui ressemble à un bidonville et menace ruine à tout moment, des habitations lépreuses érigées sans souci d'urbanisme, des axes routiers cabossés, une atmosphère chargée de poussière… La saleté partout ! Il est vrai que pour la quasi-majorité des villes algériennes, le respect des normes de l'environnement, son entretien ou son embellissement est loin de s'inscrire parmi les priorités de l'heure. Néanmoins, et pour une ville considérée comme étant la plus riche du pays de par l'abondance de ses richesses souterraines, le fait d'être dans un état aussi piteux est inadmissible, de l'avis de beaucoup de citoyens. «Le jour où on m'a sollicité pour venir travailler à Hassi Messaoud, je n'ai jamais imaginé ouvrir les yeux sur une ville aussi dégueulasse ! Il est vrai que je m'attendais à faire la découverte d'une ville flamboyante comme le sont la majorité des villes du Golfe, à l'instar de Dubai qui est aussi bâtie dans le désert, mais franchement, une telle dégradation du tissu urbain ne cesse de m'inspirer le dégout», nous dira Mourad, ingénieur pétrolier originaire de Kabylie. «Depuis qu'il est question de délocaliser la ville, pas le moindre effort n'est fait par les collectivités pour la maintenir propre», renchérit de son côté Mohamed, un travailleur tiareti. «Voyez vous-même, la saleté est partout !» souligne un jeune cafetier. Les sociétés pétrolières implantées à Hassi Messaoud ont aussi une grande responsabilité dans la dégradation de l'environnement à Hassi Messaoud. Preuve en est, pas moins d'une quarantaine de procès-verbaux ont été établis en 2009 par la gendarmerie à l'encontre de ces entreprises pour le motif d'atteinte à l'environnement. A titre d'information, le nombre d'entreprises relevant du domaine énergétique activant à Hassi Messaoud dépasse la centaine, dont la majorité (72) est d'origine étrangère. La population de cette daïra de Ouargla s'élève à 71 000 habitants et on trouve des algériens issus des 48 wilayas en sus de centaines d'étrangers issus de 104 pays à travers le monde. La délinquance prospère à Hassi Messaoud ! En dépit des mesures de sécurité draconiennes déployées à Hassi Messaoud qui est qualifiée de zone stratégique par le lieutenant-colonel Ahmed Betercha, chef du groupement de gendarmerie de la wilaya de Ouargla, il n'en demeure pas moins que la délinquance continue de sévir dans cette région du sud algérien. Selon la même source, quelque 85 crimes et plus de 700 délits ont été recensés par la gendarmerie au cours de l'année dans cette région. Près de 700 personnes ont été arrêtées par la gendarmerie pour vol qualifié, consommation de drogue, faux et usage de faux, fausse monnaie, immigration clandestine et contrebande. A l'intérieur de la ville de Hassi Messaoud, aucun conducteur de 4X4 ne peut descendre de son véhicule en raison du danger de vol qui menace ce genre de voiture. Aucun étranger n'ose se déplacer seul dans cette ville, et de ce point de vue, le lieutenant-colonel Betrecha est formel : «Tout étranger est escorté par nos éléments même pour faire ses emplettes en ville», dira-t-il. Rien que pour assurer la sécurité des étrangers, les services de gendarmerie ont effectué pour l'année 2009 plus de 1620 escortes, nous indique-t-on. De notre envoyé spécial