Le front social connaît une effervescence sans précédent dans la wilaya de Boumerdès. Durant ces deux dernières semaines, plusieurs actions de protestation sont déclenchées dans différentes localités par des citoyens en mal de vivre. En effet, la protesta semble être devenue le seul moyen de communication entre la population et les responsables locaux. Les institutions étatiques sont devenues de véritables théâtres où l'on crie sa colère contre la sourde oreille qu'affichent les autorités à l'égard des revendications soulevées par leurs administrés. Fermer la route ou l'APC est réduit à un simple fait auquel recourt la population pour se faire entendre et faire valoir ses droits. Avant-hier, des dizaines d'habitants de Djemaâ, un village relevant de la commune de Bordj Menaïel, se sont déplacés jusqu'au chef-lieu de la wilaya afin de transmettre leurs doléances au wali. Les protestataires réclamaient le raccordement de leur village aux réseaux d'AEP et d'assainissement et le revêtement de la route qui les relie au chef-lieu. «Des revendications des plus élémentaires dans une localité où la vie est des plus difficiles et nous poussent à l'exode», disent-ils. Avant d'ajouter : «Cette action a été décidée après le non-aboutissement des démarches entreprises auprès du P/APC dans le but de trouver des solutions à nos préoccupations.» Trois jours auparavant, d'autres villageois ont crié leur colère à Baghlia, en fermant la RN25, reliant cette dernière à Tadmaït, qui se trouve dans un état de dégradation avancée. Mais les villageois n'ont reçu aucune réponse convaincante de la part des responsables. Durant la même journée, d'autres citoyens habitant des chalets se sont rassemblés devant le siège de la daïra de Bordj Menaïel pour réclamer leur relogement. Ces derniers, qui ont déjà observé un sit-in devant la wilaya, s'estiment largement lésés dans leur droit, à savoir leur recasement dans des logements en dur. En somme, il ne se passe pas une semaine sans que l'on fasse écho d'événements liés à l'effervescence du front social dans cette wilaya. Une effervescence qui illustre le marasme et les difficultés auxquels sont confrontés les citoyens boumerdassis. Parfois, les protestataires arrivent jusqu'à commettre l'interdit sans qu'aucune autorité daigne leur tendre l'oreille et mettre fin à leur clavaire, comme ce fut le cas pour les travailleurs de VRD Plus qui n'ont reçu jusque-là aucune réponse de la part de leur direction concernant le payement de leurs arriérés de salaires, sans oublier de citer les grèves observées par les collégiens des communes d'Afir et de Chabet El Ameur, les émeutes qui ont éclaté entre de jeunes chômeurs et les forces de l'ordre en janvier dernier à Naciria. Autant de signes qui dénotent la défaillance et la mauvaise gestion des responsables locaux et le retard qu'accuse cette wilaya en matière de développement.