«D'enfilades et d'encoignures», c'est la thématique inédite de l'exposition de photographies de Rafik Zaïdi qui se poursuit jusqu'au 1er mars à la galerie Racim. Pour originale, elle l'est cette exposition qui s'inscrit hors des sentiers battus. Réunissant de nombreuses photographies d'intérieurs, de lieux, d'espaces clos et d'objets, elle renvoie à des souvenances engrangées dans notre mémoire qui, au fil du temps , les égrène selon sa volonté. Rafik a joué avec des décors d'intérieurs différents, notamment maisons, salons, cuisines, ateliers d'artistes. Il plaide pour des espaces divers, hétéroclites, mais qui s'imbriquent dans un ensemble harmonieux. Ses photos racontent l'histoire et le vécu de ces lieux, de ces objets qu'il débusque. Sans faire le voyeur, il fait une incursion dans ces endroits intimes liés à une histoire personnelle. Toutefois, il prend de la distance et ne démasque pas les jardins secrets de ses amis qui lui ont ouvert les portes de leurs demeures. Il illustre bien ces espaces vides, déserts, mais en réalité habités par l'âme de ces personnes et par leurs objets qui font partie de leur quotidien. Chargés de vie et d'événements, Rafik les met en images où chacun fait son interprétation. L'œil observateur de l'artiste Il fait des assemblages d'objets comme ce sac, ces ustensiles de cuisine, ce fauteuil, ces tentures, ces bibelots, cette coupe, cette mappemonde, ces livres, cet amoncellement de détails de ces environnements qu'il sillonne au gré de ses pérégrinations. Ces photos sont magnifiques avec ces arrangements riches en couleurs et en menus détails symbolisant des compositions florales, abstraites ou pittoresques. Ses images se lisent comme un livre ouvert, celui de l'intimité et de l'âme des objets et des intérieurs. Il affectionne particulièrement les choses comme les bougies, tasses, jouets, stylos, clefs éparses et entassées donnant un regard nouveau sur ces objets inanimés du quotidien. Ces photos sans cadre, austères par moment, ou froides et dépouillées, rappellent une impression de déjà vu. Designer, Rafik ne l'est pas, fait-il de la photographie d'architecture d'intérieur ? Que nenni ! Il sonde un monde d'objets à qui il confère une histoire et un vécu. Il photographie ces places et compositions à travers un œil observateur selon sa perception des choses, il fait des assemblages pour donner ces volumétries. Dans ces espaces désordonnés, il attribue une organisation et un agencement. Ces teintes vives exacerbées par les rais de lumière accentuent le contraste dans ces lieux calmes, inertes, mais remplis de souvenirs. Cette exposition inattendue par son aspect novateur est un réel plaisir pour les yeux. A voir pour un moment de délectation.