Elle est jeune, dynamique, ambitieuse et férue de son métier. C'est le moins que l'on puisse dire de notre collègue Nouria Bourehane, lauréate du 1er prix de la quatrième édition du Prix Abdelhamid Benzine, décerné tous les deux ans par l'association «Amis de Abdelhamid Benzine» aux auteurs des meilleurs écrits journalistiques. Parle-nous un peu de ton parcours professionnel ? J'ai commencé en 2003 dans un hebdomadaire de proximité, «Cheraga Hebdo». A partir de 2005, je suis passée au quotidien le Jour d'Algérie où j'ai exercé ce métier avec le défunt Abderrahmane Mahmoudi, puis à l'Authentique. J'ai fini par atterrir au Temps d'Algérie début 2009. Pour ta participation à ce concours, tu as choisi ce travail. Pourquoi ? Ce reportage fait partie des meilleurs travaux journalistiques que j'ai réalisés durant mon parcours professionnel. Le sujet m'intéressait beaucoup car en dehors de mon amour pour le reportage, j'ai jugé important de traiter ce genre de sujet qui a trait à la vie des gens en difficulté. Les conflits qu'a connus la région de Berriane ont engendré beaucoup de souffrances non seulement aux femmes et aux enfants mais aussi aux hommes. Les dégâts étaient colossaux aussi bien sur les biens privés que publics, ce qui a encore aggravé la crise. Des familles entières ont été déracinées et ont subi les conséquences d'un conflit qui n'engage pas tout le monde. La signature d'une feuille de route pour rétablir la paix à Berriane n'a finalement pas été la solution idoine pour mettre fin à la dégradation de la situation. C'est à partir de là que l'idée de m'approcher de tous les acteurs censés rétablir la paix dans la région. Et si on parlait des conditions de réalisation de ce reportage … Un travail dans une région qui a connu plusieurs désastres en même temps n'a pas été de tout repos. Ce n'était pas évident d'avoir des échos de la part de tout le monde, que ce soit les responsables ou la population. J'ai consacré beaucoup de temps pour trouver des interlocuteurs directement concerné par le conflit dont des femmes qui ne sont pas facilement accessibles à la communication et des hommes impliqués directement dans les affrontements. Pour cela, j'ai fait appel à mes connaissances personnelles qui m'ont fourni un sérieux coup de main et de précieuses orientations. C'est à partir de là que notre reporter photographe Nawel Hadj Abdelhafid et moi nous sommes déplacées dans les coins les plus chauds, théâtre des affrontements. Nous avons rencontré des gens qui nous ont parlé de leur vécu et nous avons même réussi à accéder à l'intérieur des maisons des Mozabites pour nous imprégner de près des conditions dans lesquelles vivent les familles. La présence des forces de la sécurité était impressionnante et suffisait pour intimider tous les étrangers à la région. La présence de deux jeunes filles là où même les hommes ne circulaient pas librement a été remarquée. Nous avons été interpellées plusieurs fois par le service d'ordre. Le mutisme des autorités locales a été aussi une grande contrainte. Nous avons également causé beaucoup de tort aux gens osant s'afficher avec nous dans la rue. Comment s'est passé votre séjour à Berriane ? La rédaction m'a accordé trois jours pour réaliser ce reportage. J'ai demandé deux journées supplémentaires, car cela valait le coup. En plus du travail de témoin, nous avons fait des recoupements qui nous ont permis d'avoir des informations exclusives ; d'ailleurs nous n'avons pas hésité à les publier avant le reportage. Les conditions d'hébergement n'étaient pas d'un grand confort. Pour l'anecdote (rires), à notre arrivée à Ghardaïa aux environs de minuit, nous avons payé un sandwich 350 dinars. Dans la chambre où nous avons passé la première nuit, nous avons été surprises de voir que le flexible de la douche était en fait le tuyau d'une perfusion à sérum. Revenons à la cérémonie de ce samedi. Comment as-tu réagi à ta nomination ? Avant de répondre à cette question, je voudrais revenir sur des moments précédent ma nomination. La fondation «Amis de Abdelhamid Benzine» m'a appelée pour m'annoncer la nouvelle. Malgré cela, j'ai préféré la confirmer moi-même et attendre la cérémonie officielle. C'était émouvant. Mon cœur a failli cesser de battre avant l'annonce de la grande nouvelle. Une fois que mon nom a été prononcé, un grand soulagement m'a envahi. L'émotion a été à son plus haut niveau. Ce sont des moments indescriptibles. A mon arrivée au journal, j'ai trouvé le reste de l'équipe qui m'a accueillie avec les félicitations et les belles paroles de bravo. Des encouragements ont afflué de tout le personnel en commençant par le parc jusqu'à la technique. L'ambiance de joie a été ressentie dans le journal qui a célébré, la veille son premier anniversaire. Cette deuxième bonne nouvelle a ému tout le monde. Mes collègues n'ont pas épargné les mots pour exprimer leur fierté et leur joie. Tous affirmatifs qu'une telle distinction, qui intervient après une année d'existence seulement du Temps d'Algérie, va lui garantir un démarrage sur des bases solides. Je dois avouer également que le fait de se classer devant El Watan nous a donné un sentiment de fierté immense. Je tiens à dire également que ces mêmes impressions ont été exprimées après la publication du reportage. J'ai eu beaucoup de réactions de l'extérieur et tous mes collègues ont suivi avec intérêt l'évolution de la situation dans cette région. Pour l'anectode, on m'appelait “Nouria Berriane”. Moi aussi, je suis fière de mes collègues, avec qui je travaille dans une ambiance conviviale où les encouragements et le bon sens du professionnalisme sont les lois fondamentales du fonctionnement. As-tu déjà participé à d'autres concours ? Non ! C'est ma première participation du genre, tout simplement car le secteur de l'information est pourvu en termes de compétitions permettant d'évoluer et de faire évoluer les professionnels du métier. Peux-tu nous faire part de tes objectifs dans ce métier ? Je veux perfectionner ma formation et mon travail. Ma venue au journalisme n'est pas le fait du pur hasard et non plus d'une complaisance. Des professionnels du métier ont témoigné par le passé de mon don et de mes grandes capacités que je dois mettre en œuvre. Je pense que j'ai eu l'occasion de le prouver et j'espère pouvoir continuer, continuer et continuer.