La tenue de la réunion de la tripartie s'annonce décisive. Les comités de préparation installés en décembre 2009, au lendemain de la 13e tripartite, ont finalisé les dossiers qui seront soumis à examen. Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohamed Naït Abdelaziz, nous dévoile dans cet entretien les principaux points débattus, notamment la levée du crédit documentaire au profit des entreprises algériennes productrices de biens. Instauré par la loi de finances complémentaire 2009, ce mode de paiement des importations a été rendu obligatoire pour les opérateurs économiques sans exception. L'Etat a voulu mettre fin aux autres modes de paiement, car les 1200 entreprises étrangères importatrices ont grandement profité de la situation sans mobiliser leur cash-flow. La dernière tripartie a été marquée par l'installation d'un comité conjoint chargé de dégager, avant la fin mars, toute mesure organisationnelle facilitant la tâche aux entreprises de production en matière de procédures bancaires. Peut-on connaître le travail accompli jusqu'à présent ? Permettez-moi de souligner à ce sujet que la dernière tripartie a permis aux différents partenaires de débattre sereinement des enjeux et des préoccupations économiques du pays. S'agissant du dossier du crédit documentaire, nous avons pris notre temps pour expliquer les conséquences de cette disposition sur les entreprises algériennes. Le dossier a pris plus de trois heures de discussions avec le Premier ministre. Nous avons compris que la loi de finances complémentaire 2009 était à l'avantage de notre économie. Nous nous retrouvons globalement dans la LFC. Dans l'intérêt de l'économie nationale, nous avons demandé de séparer les importateurs et les producteurs locaux. Le gouvernement a écouté nos demandes. Des explications ont été fournies au sujet de chaque disposition introduite dans la loi de finances complémentaire. Mais aujourd'hui le propos est celui de comment trouver les solutions pour ne pas pénaliser les producteurs. Un consensus est engagé pour une solution idoine. Il ne s'agit pas de remettre en cause les décisions prises, mais il faudrait chercher les moyens susceptibles d'éviter la paralysie du secteur économique national. Le gouvernement a décidé, sous l'égide du ministère des Finances, de mettre en place un comité commun, qui aura à travailler sur les relations banques-entreprises et le crédit documentaire. Des réunions ont été tenues avec l'ensemble des PDG de banques et des responsables du ministère des Finances depuis des mois. Notre finalité est restée la même, à savoir celle de la préservation des intérêts de l'Etat et ceux des entreprises algériennes. Le groupe de travail est composé de deux sous-comités chargés du financement des entreprises et le crédit documentaire. Les organisations patronales ont été représentées pour les différentes réunions organisées. Il y a eu un consensus et également des réserves de part et d'autres. Les positions exprimées ont été consignées dans le procès verbal et elles seront soumises à l'arbitrage du Premier ministre. C'est un travail organisé et axé sur les principales questions économiques de l'heure. Les banques se sont engagées à améliorer les conditions et les relations de travail avec les entreprises. Elles ont demandé aussi que les entreprises présentent des dossiers solides pour pouvoir bénéficier de financements. Quelles sont les solutions envisagées au sujet du crédit documentaire ? La décision du maintien du crédit documentaire ne pose pas problème pour nous. Nous avons trouvé un mécanisme consistant en des mesures de facilitations, notamment pour les petites et moyennes entreprises. Des mesures qui permettront aux PME d'importer des intrants et des matières premières. Le but était de définir un seuil qui va être exempté du crédit documentaire. Nous avons avancé des montants et la décision sera prise lors de la prochaine réunion avec nos partenaires. Ce mécanisme sera appliqué uniquement aux PME ? Le système en question concerne les industriels, les transformateurs et les producteurs. Les importateurs versés dans la revente en l'état des biens sont exclus des facilitations. Justement, l'Etat a pris cette mesure de crédit documentaire pour obliger les importateurs, notamment étrangers, à payer cash leurs importations. Il faut dire aussi que le crédoc demeure le moyen de paiement utilisé à travers le monde. C'est un moyen sécurisant et assurant la traçabilité des flux financiers. Cela est connu dans le monde des affaires. Mais nous avons défendu les entreprises qui n'ont pas les moyens financiers des grandes entreprises ayant investi le marché algérien. Nous avons proposé des seuils différents. Sur ce point, je constate qu'il y a une écoute. Y a-t-il espoir de voir les entreprises algériennes se substituer aux importations ayant atteint les 40 milliards en 2009 ? Il faut réhabiliter le marché national et l'outil de production algérien. Il ne faut pas demander aux entreprises d'exporter. D'abord, elles doivent produire et répondre aux besoins de l'économie du pays, avec des produits de qualité et à moindre coût. Il existe une sous-activité économique et industrielle. Nous avons des difficultés en matière d'approvisionnement de matière première. Mais cela n'empêche pas de travailler et de relever le défi. L'Etat a pris des mesures très importantes au profit des entreprises publiques et privées. Il faut démontrer maintenant notre capacité à concrétiser les décisions prises. Le temps n'est pas à notre avantage, car beaucoup de travail attend les entreprises algériennes. On ne peut pas compter sur les autres pour construire notre économie. C'est à nous de prouver nos capacités, nos vertus pour amorcer un changement. Et nous avons les moyens qu'il faut pour cela. Il s'agit seulement de la volonté afin de bâtir une économie compétitive capable de faire face aux concurrents étrangers. Nous avons déjà des exemples en la matière. C'est nécessaire aussi de passer par certaines phases, notamment dans l'industrie. Nous pouvons commencer par la transformation, le montage et l'assemblage, comme l'ont déjà entrepris des pays asiatiques, la Chine, l'Inde et la Corée du Sud. Qu'en est-il des autres dossiers de la tripartite ? Les autres dossiers sont pris en charge par le ministre du Travail. Nous avons travaillé sur les dossiers de la retraite anticipée, du code du travail et des allocations familiales. Il y a eu plusieurs réunions périodiques avec les responsables du ministère. Les travaux sont très avancés en la matière.