Rencontré hier lors de la deuxième réunion plénière de formation du Cnes, le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Rédha Hamiani, a souligné les contraintes qui entravent le développement des PME en Algérie. Vous assistez à cette rencontre en tant qu'association patronale, quel regard portez-vous sur le développement de la PME/PMI ? Effectivement, nous prenons part à cette rencontre en tant qu'association patronale, nous appuyons fortement le développement de l'entreprise algérienne. Nous avons déjà été associés à des travaux préparatoires de la rencontre d'aujourd'hui. Cette rencontre nous permettra de débattre la feuille de route des quatre ateliers prévus. Ces ateliers portent essentiellement sur le développement régional, la sous-traitance, la compétitivité et surtout toutes les contraintes qui ont entravé jusqu'à présent le développement de la PME/PMI. Nous souhaitons que cette politique d'ouverture et de concertation continue, étant persuadé qu'une politique de cette nature ne se décrète pas. Les autorités publiques manifestent leur volonté à encadrer et accompagner ce développement mais, essentiellement, il faudrait que les acteurs que nous sommes soient impliqués. Pour cela, il faudrait avoir leur adhésion et connaître un peu dans quel système et quelle conjoncture ils évoluent. Nous accordons beaucoup d'importance aux conclusions de ces travaux, on espère que cette initiative débouchera sur une plateforme, un programme d'action qui puisse faire avancer les PME algériennes. Le développement de la PME se fera dans le sens d'une meilleure mise à niveau et une meilleure compétitivité. Toutes les conditions devront être réunies pour qu'on puisse diminuer l'emprise pétrolière. Pour développer la PME, l'Etat a débloqué pour l'année 2010 une enveloppe financière de l'ordre de 230 milliards de dinars, pensez-vous que c'est une initiative efficace ? Quand on examine les conditions qui existent au niveau institutionnel, on est presque tenté de dire que c'est parfait. Je cite, entre autres, les fonds de garantie, l'enveloppe budgétaire conséquente pour la mise à niveau, la loi sur la concurrence qui est réactivée, une intervention croissante de nos autorités pour améliorer les zones industrielles. Sur le papier, c'est parfait. Mais, malheureusement, on a beaucoup de peine à traduire sur le terrain toutes ces bonnes dispositions. Le hic dans notre pays, c'est que pendant 20 ans, on a fait que professer les déclarations d'intention. Il est vrai que nous sommes en train de mettre en place des politiques globalement dans la bonne direction mais la question fondamentale que nous devrons poser est : pourquoi n'arrive-t-on pas à atteindre les objectifs escomptés ? Le développement de la PME, ce n'est pas une insuffisance de texte, ni une production juridique. Quel est le rôle fondamental du FCE dans le développement de la PME ? Nous sommes au cœur de notre mission. Le FCE est une association qui regroupe les chefs d'entreprise du monde industriel. Nous voulons être acteurs dans la réflexion qui organise ce débat et également aider les entreprises à affronter les difficultés du terrain. Nous avons en gros deux types d'action qu'on engage au quotidien : une action de concertation avec les autorités pour attirer leur attention, chose qui me semble conforme et, au niveau des entreprises, une action de soutien et d'appui à travers des réunions de regroupement notamment. Le FCE organise souvent des rencontres d'affaires avec des entreprises étrangères, pensez-vous que le partenariat est la meilleure démarche pour attirer les investisseurs étrangers ? Dans les conditions actuelles, nous constatons une certaine réticence, il faudrait qu'on puisse expliquer à nos amis étrangers le nouveau contexte juridique imposé par nos autorités. Pour le moment, on est mal perçu, les étrangers ne comprennent pas vraiment les raisons de ces changements. Que suggérez-vous face à cette situation ? On va laisser passer un peu de temps pour voir comment les choses évoluent et s'organisent avec ces nouveaux textes. A l'évidence, si dans un an, on constate que l'activité diminue, que les étrangers ne se sont pas installés, il faudra réagir. Qu'est ce qui pose problème aux entreprises étrangères ? Le problème majeur, c'est le fait que les entreprises étrangères qui souhaitent s'installer en Algérie veulent être majoritaires. Il y a aussi le problème du foncier, s'il est disponible, il est cher, donc cela demande une implication financière importante. Il y a aussi le problème des procédures administratives qui compliquent inutilement les installations. Le troisième élément est le marché informel qui gêne énormément les entreprises étrangères. Le quatrième élément est le secteur bancaire, en dépit du fait que l'Algérie avance des facilitations dans ce domaine, il n'en demeure pas moins que beaucoup reste à faire dans ce domaine. L'octroi de crédits prend beaucoup de temps, on n'obtient pas un crédit avant trois mois pour l'exploitation et avant une année pour l'investissement. Propos recueillis par