Outré par les agissements du ministère de l'Education nationale, qui «cherche par tous les moyens à casser la formation syndicale», le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) menace de reprendre la protestation et accuse le ministère d'être derrière le pourrissement de la situation dans le secteur. Pour évaluer la situation du secteur et tracer ses perspectives, le Cnapest réunit aujourd'hui son conseil national à Alger. Selon Nouar Larbi, secrétaire général du syndicat, cette rencontre des représentants des bureaux de wilaya va statuer sur la reprise ou non de la grève, suspendue le 10 mars. Il y a lieu de rappeler dans ce cadre que le Cnapest, à l'instar de l'Unpef, a décidé de geler la grève déclenchée le 24 février, après les menaces de radiation proférées par la tutelle à l'encontre des enseignants grévistes. Notre interlocuteur estime qu'il est fort possible que les syndicalistes décident de reprendre la grève, puisque «la tutelle a failli à ses engagements» envers les enseignants et «n'a entrepris aucun dialogue serein afin de désamorcer la crise qui ronge le secteur». Et d'ajouter : «Au contraire, la tutelle ne cesse d'afficher sa volonté délibérée d'outrepasser notre syndicat et de le discréditer.» Selon lui, «le ministère n'hésite pas à user de tous les moyens afin de casser le syndicat, notamment en créant des syndicats bis qui œuvrent dans ce sens». Plus explicite, le SG du Cnapest a précisé que le syndicat se retrouve à la case départ ; c'est-à-dire à travailler dans les mêmes conditions «précaires» et que les revendications soulevées à maintes reprises n'ont cependant pas été prises en charge. Il s'agit du régime indemnitaire, de la médecine du travail et des œuvres sociales dont la gestion est détenue par l'UGTA. Les cours de rattrapage font place aux cours de soutien Dans un autre volet, M. Larbi regrette le fait que le ministère se soit dégagé de toute responsabilité envers les élèves. «Pour nous convaincre de mettre fin à notre débrayage, le ministère a utilisé comme motif persuasif l'intérêt des élèves, mais maintenant il se dégage de toute responsabilité concernant les cours de rattrapage, en jetant la balle aux directeurs de l'éducation qui, à leur tour, renvoient la balle aux directeurs des établissements scolaires, qui n'ont pas trouvé d'autres moyens que d'exercer la pression sur les enseignants». Et d'enchaîner dans le même contexte : «D'ailleurs, le ministère ne parle plus de cours de rattrapage, mais de cours de soutien et ils sont programmés uniquement aux candidats au baccalauréat.» Selon notre interlocuteur, la tutelle «frôle le ridicule» en proposant de payer les enseignants qui se portent volontaires pour assurer ces cours de soutien, alors qu'elle avait opéré une ponction de cinq jours sur salaire pour les enseignants ayant observé des journées de grève». Notre interlocuteur regrette ainsi le manque d'intérêt manifesté à l'égard des élèves des autres paliers qui accusent, eux aussi, un retard dans le programme scolaire. Le Cnapest a invité, par ailleurs, les enseignants du secondaire à ne pas «récupérer les cours» perdus à cause de la grève. La décision inhérente au dispositif de rattrapage fera l'objet d'un débat lors du conseil national d'aujourd'hui.