Quelque 32 millions d'Américains vont pouvoir enfin bénéficier d'une couverture maladie. Critiqué pour sa politique étrangère, Barack Obama vient de réussir le coup du siècle après plus d'un an de batailles successives contre ses adversaires politiques. Fort de ce succès historique, qui devrait l'aider à remonter dans les sondages et à retrouver une certaine popularité, le président misera-t-il tout sur la politique intérieure, le projet de réforme sur l'immigration ayant déjà fait bruit dans le bureau ovale ? A priori, non. Barack Obama a même pris le risque de recevoir Benjamin Netanyahu au pire moment de la «crise diplomatique» entre Washington et Tel-Aviv. A moins qu'il veuille justement se servir de son triomphe de l'heure comme tremplin à son numéro d'équilibriste. Tout en affichant un soutien critique envers son allié israélien, ô combien indéfectible, il tentera de préserver la vision de deux Etats alors que le quartette pour la paix au Proche-Orient a fini de s'amuser à «esprit, où es-tu ?» à Moscou. Mais à ce jeu de «je t'aime, moi n'en plus», Barack Obama parie gros. Soutenus par les lobbies juifs aux Etats-Unis, les Républicains US n'ont pas voté en faveur du projet de réforme de l'assurance maladie sans espérer une contrepartie de la part du réformateur en chef. Ce qui expliquerait l'aisance avec laquelle Benjamin Netanyahu s'est adressé aux 8000 invités du Congrès annuel de l'American Israël Public Affairs Committee, le principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis. Sûr de lui, «Bibi» n'a pas reculé d'un iota. L'Etat hébreu va continuer de construire à Al Qods-Est mais, dorénavant, il s'abstiendra de l'annoncer quand un officiel américain se trouvera à Tel-Aviv. Une bien maigre «concession» faite à son allié outre-atlantique qui, lui, se borne à rappeler que l'Etat hébreu doit faire des choix difficiles mais si nécessaires. Lesquels ? Sûrement pas celui du partage de la ville sainte et voici la raison évoquée par Netanyahou à la veille de son tête-à-tête avec Barack Obama : Al Qods est la capitale indivisible d'Israël et non pas l'une de ses nombreuses colonies. Ce qui expliquerait en outre, la poursuite de la colonisation dans sa partie Est. Alors que le Premier ministre israélien est en train de monter le chapiteau de Tel-Aviv circus au cœur de la roseraie de la Maison-Blanche, Ban Ki-moon and co prévoient-ils ne serait-ce que le simulacre d'une prochaine reprise du processus de paix ? Bien que le ridicule n'a jamais tué personne, il est préférable de ne pas figurer parmi ses instigateurs. Parce que le gouvernement Netanyahou ne fait que perpétuer une vieille tradition expansionniste qui ne risque pas de disparaître pour les beaux yeux d'Hillary Clinton. L'intraitable position de Netanyahou a-t-elle le mérite d'être plus claire ? Les Palestiniens savent désormais à quoi s'en tenir, loin des menteries du parti travailliste en particulier et de la gauche israélienne en général. Quant à George Mitchell, il sera toujours le bienvenu à Tel-Aviv, l'alliance israélo-américaine ne tient pas qu'au saint statut d'Al Qods.