On ne s'improvise pas artiste. On l'est dans l'âme et jusqu'aux bouts des ongles. C'est le cas de Leila Gueddoura qui par atavisme a baigné dans un milieu culturel et artistique propice à l'art sous toutes ses formes. C'est aussi par penchant pour l'art pictural qu'elle a entrepris des études à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger spécialité communication visuelle. D'une intense sensibilité et avec beaucoup de sagacité, elle évoque son parcours artistique et sa profession. Mais d'une grande discrétion, et avec beaucoup de douceur, elle vous signifie qu'elle garde jalousement son jardin secret. De sa famille, on saura juste que son mari est son mentor et réciproquement. Cette assertion est dite avec beaucoup d'amour et d'affection. Pleine d'émotions soutenues, elle vibre de tout son être lorsqu'elle évoque son travail artistique et ses élèves. Elève de Aicha Haddad, de Boutadjine, de Denis Martinez, d'Arslan et de Cherifi, elle a su conjuguer à tous les tons ces divers savoir-faire transmis par ces professeurs. «Ecrivant la calligraphie à l'envers, j'étais fascinée par Cherifi», dit-elle avec émotion. Durant son cursus universitaire, sa prédilection va à la photographie artistique. «J'ai fait de la photo avec un regard artistique», avoue-t-elle. Suite à ces années d'apprentissage et d'acquisition de connaissances, son diplôme en poche, elle «tombe dans la marmite de l'enseignement comme Aicha Haddad qui l'appelait ma fille», ce qu'elle fit plus tard avec ses élèves signale-t-elle. Le talent et la spontanéité Enseignant le dessin depuis 25 ans au lycée Zineb Oum El Massakine, elle crée en 1985 un laboratoire de photographie avec ses élèves. Son credo ? C'est la préservation du patrimoine, du terroir et tout ce qui a trait à l'arabo-musulman. Et son défi ? Transmettre cette passion à ces adolescents. Mais incontestablement, du dessin, elle verse sans se départir de cet art dans la photo artistique. C'est au gré de ses balades, avec l'œil averti et observateur du photographe qu'elle prend à satiété et à l'envi des instantanés de vie. De ces pérégrinations, elle sort avec d'innombrables clichés faisant office pour une exposition magnifique intitulée «Coup de cœur en noir et blanc» où elle focalise sur le cycle de la vie. Elle met en relief l'enfance et la vieillesse dans La Casbah, cette cité millénaire qui recèle de magnifiques demeures palatiales. Ces photos racontent la saga de ce quartier, âme de la ville reflétant la vie traditionnelle avec ses vieilles échoppes, ses escaliers escarpés, ces venelles tortueuses et sombres et ses femmes en haïk. A ces photos se greffent d'autres lestées à la nature et à l'abstraction notamment celles qui montrent ses chatons et leur évolution, où ce brin de menthe qui bourgeonne. Un ravissement pour l'œil. Ces photos ont été prises à diverses périodes, ce qui offre au regard de multiples images comme ces toutes dernières intitulées Horizontales/Verticales. Pondérée et communicative selon l'interlocuteur qui discourt avec elle, Leila savoure ses moments de prises de vues. «La photo, c'est ma façon de m'exprimer. Je capte l'instant des choses avec l'appareil. C'est à partir du graphisme de la photo que j'aime le noir et blanc», affirme-t-elle avant de préciser : «Il représente la pureté», ce qui n'altère en rien son penchant pour la couleur. Dans cette famille, la photo s'est-elle transmise ? Assurément un legs à son insu. Sa progéniture en a hérité. On saura que sa fille Imen a été primée lors d'un concours initié à la Bibliothèque nationale avec des prises de vues de Ouargla. Par ailleurs, ayant plus d'une corde à son arc, la peinture est un projet qu'elle envisage de faire, mais pour l'instant, elle reste rivée à sa photo artistique. Une photo qui interpelle par son esthétique, sa vigueur et l'émotion qui s'en dégage. De Leila, on retiendra l'image d'une personne authentique qui vibre par ses émotions, impressions et ressentis qu'elle traduit par cet art avec talent et spontanéité.