L'affaire des 22 cadres de la Société nationale des travaux routiers (Sonatro) placés sous contrôle judiciaire n'a pas encore révélé tous ses dessous. Elle sera jugée par le tribunal de Rouiba (Alger). «22 cadres encore en exercice de Sonatro sont placés sous contrôle judiciaire pour détournement et dilapidation de biens publics et autres chefs d'accusations», nous ont révélé des syndicalistes et des travailleurs licenciés par l'entreprise publique rencontrés lundi dernier lors du sit-in observé devant la centrale syndicale. Parmi les présumés accusés, on retrouve les différents dirigeants ayant succédé à la tête de cette entreprise étatique, dont l'actuel DG en poste par intérim. Nos sources parlent de «plusieurs milliards de dinars détournés» ainsi que «du matériel cédé à des prix inférieurs à sa valeur». Les travailleurs ont également avancé que «plusieurs anciens cadres, aujourd'hui retraités, ont été réintégrés en tant que contractuels. Ils occupent les mêmes postes d'avant leur mise en retraite. Ils se comportent comme si l'entreprise leur appartenait». Selon eux, «cette affaire de détournement, dont l'instruction vient d'aboutir, a mené la société à la faillite», rétorquant que «l'actuel DG par intérim veut liquider la société». Ils ajouteront : «Il (le directeur général de Sonatro ndlr) est à l'origine de notre licenciement sans motif.» Ils ont déclaré aussi que «tous les marchés contractés depuis 2003 par Sonatro ont été annulés». Ils soutiennent que «les actuels dirigeants tentent de brader l'entreprise et de la mettre en faillite dans le but de la privatiser». Pour ces travailleurs, «la mise en faillite a commencé par le licenciement abusif de 370 travailleurs, le 14 avril 2009, et de 22 syndicalistes, lorsque nous avons dénoncé la situation qui prévaut au sein de toutes les unités à travers le pays». Ils citent, entre autres, le cas «des unités de Biskra, de Reghaïa, de Oued Semar et de Tizi Ouzou qui ont vu leur matériel bradé». «Actuellement, avancent-ils, ces unités sont fermées.» D'après les mêmes sources, des éléments de l'inspection générale des finances (IGF) ont plusieurs fois effectué des visites au siège de la direction générale. «L'affaire en instruction doit être jugée aujourd'hui (lundi) au tribunal de Rouiba», a soutenu un syndicaliste. Le mutisme de la direction générale Le directeur général, Miloud Azzal, contacté hier par téléphone, a refusé tout commentaire, nous invitant à nous rapprocher de lui et du directeur des ressources humaines (DRH) au siège de Sonatro à Reghaïa, le lendemain matin (hier mardi) pour mettre à notre disposition tous les éléments relatifs à ce dossier et répondre à toutes nos questions. Comme convenu, nous nous sommes déplacés, mais le DG, ainsi que le DRH, n'étaient pas là, selon la secrétaire, qui a affirmé «il est en réunion à l'extérieur et il était injoignable. Quant au DRH, il était en mission». Pour avoir plus d'informations sur le jugement de l'affaire, nous nous sommes rapprochés du procureur du tribunal de Rouiba. Ce dernier nous a orientés vers le procureur général près la cour de Boumerdès. Sonatro, qui était un fleuron des travaux publics en Algérie, a été créée en 1968. Elle a pratiquement réalisé toutes les semi-autoroutes, les plateformes portuaires et les aéroports militaires. Elle se retrouve aujourd'hui avec un effectif réduit de 150 travailleurs.