C'est un cas d'école de la chute libre d'une entreprise en un temps record. La Société nationale des travaux routiers a été nationalisée en 1968. C'est, en fait, l'ex-Colas qui deviendra le fleuron des travaux publics durant les années 1970 et 1980. Elle était présente sur tout le territoire national et dans les zones désertiques. Elle avait en charge de nombreux projets de routes, d'autoroutes et d'aérodromes civils et militaires. Jusqu'en 1991, elle employait environ 4500 travailleurs, elle en est à 2000 aujourd'hui. Comble de l'ironie, Sonatro fut même dans le circuit du travail à l'export. Mais l'entreprise, qui a réalisé l'aérodrome de Kofra, en Libye, s'est retrouvée incapable de remettre à temps, le délai qui lui était imparti étant de deux mois, un tronçon de 5 km (travaux de frisage et de revêtement seulement) à El Hamiz, Alger. Selon un ex-directeur d'unité, M. Attar en l'occurrence, aujourd'hui sur le carreau, c'est Sonatro qui a réalisé tout le périphérique de la capitale. « L'autoroute Tizi Ouzou-Blida. Malgré la dévaluation du dinar et la crise, l'entreprise avait tout de même sa place ! Il y a eu le premier contingent de dépermanisation et un plan destiné à son assainissement. Sonatro a procédé à l'allégement de ses effectifs en 1996. Il y a eu environ 1000 départs volontaires. Mais, Sonatro tenait toujours une bonne expertise. En la même année, elle s'est retrouvée avec un plan de charge de 10 milliards de dinars. N'était la mauvaise gestion qui la ruinera quelques années plus tard, il y a longtemps qu'un bureau d'études algérien devait aider l'entreprise à améliorer sa gestion. Jusqu'à aujourd'hui, on n'en connaît pas encore les conclusions. C'est très grave ce qui nous arrive », dit-il. L'unité Grands travaux-Centre, à elle seule, a changé 6 fois de directeur. Parce que leurs unités, à défaut de plans de charge, sont à l'arrêt, les travailleurs sont sommés de prendre des congés de récupération de manière systématique. Il y en a même qui ont pris, contre leur gré, plus de 10 mois de congé.