La plupart des agences touristiques installées à Tamanrasset affirment ne pas être au courant que la direction de wilaya du tourisme ait imposé des restrictions pour les déplacements des touristes étrangers. D'autres font semblant de l'ignorer. Tous, cependant, refusent de chambouler leur programme et dénoncent les rumeurs insidieuses qui tentent de ternir l'image du pays. Une source à Tamanrasset confirme que, depuis le mois de mars dernier, les services de la direction du tourisme refusent de valider les circuits proposés par les tours opérateurs locaux à leur clientèle étrangère «en dehors de la visite de l'Assekrem et de quelques sites naturels proches du chef-lieu de wilaya». Mais, affirme notre source, elle-même à la tête d'une agence de voyage «réceptive», liée à un géant du tourisme d'aventure, l e rush de touristes étrangers durant cette période fait que la plupart des agences, sinon l'écrasante majorité, contournent ces restrictions et promènent leurs clients étrangers sur des sites distants de plusieurs centaines de kilomètres de Tamanrasset. Selon ce voyagiste, la situation sécuritaire serait «très bonne» et aucun incident sérieux n'a été signalé depuis des mois dans l'immense région du Hoggar. Ce territoire, plus grand que la France avec ses 550 000 km⊃2;, attire chaque année des milliers de touristes étrangers, principalement des Européens. «Des rumeurs malveillantes» Un opérateur spécialisé dans le trekking, les méharées et les raids en 4x4, nous indique pour sa part qu'une restriction des déplacements – si tant est qu'elle existe – serait mal perçue par la plupart des agenciers qui commencent enfin à croire à la reprise réelle de l'activité après des années d'arrêt. Comme tous ses collègues, il se dit obligé de tenir ses engagements avec le tour opérateur européen pour lequel il sous-traite quelques destinations en Algérie et, précédemment, au Niger et au Mali, «quitte à ignorer les instructions de la tutelle mais pas les consignes de sécurité habituelle». Les agenciers algériens, nous explique-t-il, ont eu une parfaite connaissance du terrain sur lequel ils évoluent, et tous, sans exception, sont équipés de moyens de communication ultrasophistiqués, dont les téléphones cellulaires. Un précieux outil technologique auquel s'ajoute une surveillance aérienne et terrestre «très étroite» du territoire par l'ANP, qui donnent plus d'assurances et aux voyagistes et à leur clientèle étrangère. Lui aussi soutient qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter, affirmant que les rumeurs de ce type sont propagées par certains milieux qui veulent «ternir la destination Algérie». L'affaire de l'otage français Pierre Camatte, libéré par Al Qaïda en contrepartie de la libération de 4 de ses éléments détenus au Mali, serait, selon plusieurs de nos interlocuteurs, à l'origine de l'adoption de ces mesures interdisant aux agences de voyages d'effectuer des trekkings (marches à pied) dans les zones frontalières du sud de la wilaya de Tamanrasset. Les employés de quelques agences touristiques affirment que les circuits qu'ils proposent n'ont pas été modifiés et que le programme se déroule comme convenu avec les voyagistes européens. Ils précisent aussi que les zones «interdites» ne sont pas habituellement fréquentées par les touristes parce que n'offrant aucun attrait particulier. Autre fait à signaler, la majeure partie de la centaine d'agences agréées ont branché leur répondeur automatique, leurs équipes, très réduites du reste, étant pour la plupart sur le terrain. La saison touristique du Grand Sud débute à l'automne et se poursuit jusqu'à la fin de la mi-avril, voire au-delà si les conditions climatiques ne sont pas trop rudes. Les touristes qui visitent le Hoggar et le Tassili viennent essentiellement d'Europe occidentale.