Née des bouleversements sociaux des débuts des années 2000, l'idée d'unifier les rangs des syndicats autonomes qui ont pullulé durant la même période, a abouti non sans tiraillements à la naissance d'une intersyndicale de la Fonction publique regroupant essentiellement des syndicats de l'éducation. Cette dernière a enfanté, leadership oblige, une autre entité dénommée Coordination des syndicats autonomes. L'idée d'une confédération regroupant les travailleurs algériens a été relancée dans le secteur de l'éducation avant que les deux syndicats les plus représentatifs dans le secteur de la santé, constitués en intersyndicale entre-temps, n'adhèrent au principe d'un front uni pour arracher les revendications qui sont identiques à bien des égards (statut particulier, régime indemnitaire, libre exercice du droit de grève…). Aujourd'hui, les syndicats autonomes sont unanimes à affirmer qu'un large débat sur le sujet est plus qu'actuel pour imposer aux pouvoirs publics un interlocuteur autre que l'UGTA. Des contacts sont d'ores et déjà entrepris entre les syndicats de différents secteurs en vue de concrétiser l'idée ou, du moins, dans un premier temps, initier une action commune d'envergure à même de faire changer d'avis aux pouvoirs publics lesquels, «au lieu de négocier sur des revendications légitimes, brandissent la menace de suspension, actionnent la justice pour anéantir la mobilisation des travailleurs». Lyes Merabet, président du SNPSP, est convaincu de la nécessité d'aller vers des actions communes. «C'est une nécessité pressante», dit-il, «pour dénoncer dans un premier temps l'entrave au droit de grève». Pour lui, «une action s'impose dans l'immédiat en réaction aux mesures prises à l'encontre des syndicats de la santé et de ceux de l'éducation», avant de passer à l'idée d'une confédération qui nécessite une large concertation, et à laquelle l'intersyndicale de la santé adhère. Selon M. Merabet, «le temps a fait son travail», dans la mesure où ce sont les véritables organisations syndicales qui demeurent sur le terrain de la lutte. Cependant, il estime qu'il ne faut pas se précipiter au risque de tomber dans des travers et autres couacs qui freineraient le projet. «Du moment qu'on a les mêmes revendications avec nos amis de la santé, l'idée d'une action commune a été relancée il y a plus d'un mois», confirme pour sa part Messaoud Boudiba, chargé de la communication du Cnapest. «Il faut dépasser la logique corporatiste» Au sujet de la future confédération des travailleurs algériens, M. Boudiba affirme que le Cnapest est prêt à travailler avec les syndicats représentatifs, «pour obliger le gouvernement à négocier avec les syndicats autonomes». Pour lui, «les organisations syndicales non représentatives sont manipulées et freinent la marche vers l'union réelle». L'idée n'est pas nouvelle, estime de son côté Mohamed Salem Sadali du Satef, arguant qu'un travail dans ce sens se fait dans le cadre de l'intersyndicale de la Fonction publique. «Nous sommes unis autour des mêmes valeurs, c'est déjà ça», explique-t-il, avouant cependant que «le camp des syndicats autonomes a besoin de décantation». Selon lui, il est fort à parier que la question de leadership pourrait faire surface : «Nous allons nous retrouver avec une 2e UGTA», dit-il, ajoutant qu'il faut un «regroupement sain». M. Sadali rappelle que le pouvoir a toujours fait dans la «récupération». «Nous sommes obligés de dépasser la logique corporatiste», admet pour sa part Achour Idir, porte-parole du CLA, avouant que la réalité a démontré autre chose. «Qui va s'unir avec qui ?», s'interroge-t-il, reconnaissant que certaines démarches de l'intersyndicale de la Fonction publique n'ont pas abouti. «Si l'on écarte la logique de leadership, nous allons aboutir à quelque chose de concret», estime-t-il, citant l'exemple des partis politiques se proclamant du camp démocratique qui n'ont jamais pu concrétiser une union à laquelle ils ont tous pourtant appelée. L'idée est, en tout cas, relancée de plus belle. Les syndicats parviendront-ils à mettre leurs divergences de côté ?