Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées, hier, dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Baghdad, à l'appel des principaux leaders chiites, pour marquer le 7e anniversaire de la prise de Baghdad par l'armée américaine et la chute du régime de Saddam Hussein. Au milieu de manifestants qui ont traîné dans la poussière les drapeaux américain, israélien et britannique qu'ils ont ensuite piétinés, cheikh Hazem Al Araji, qui s'exprimait au nom de Moqtada Sadr, a fustigé le Premier ministre irakien Nouri Al Maliki, qu'il accuse de vouloir s'accrocher au pouvoir. «Ceux qui s'accrochent à leur poste et au pouvoir ne doivent pas rester», a-t-il lancé à la foule, ajoutant que «les électeurs se sont prononcés à travers leur vote pour que la faim, les arrestations, le terrorisme et le Baas infidèle ne soient pas de retour». «Nous entrons dans une nouvelle ère où n'ont pas de place les occupants, les oppresseurs, les baassistes, les terroristes, les sécessionnistes, les sectaires et ceux qui ont rempli les prisons des résistants», a également lancé cheikh Hazem à une foule en délire qui scandait des slogans hostiles à l'occupation américano-britannique. Le mouvement de Moqtada Sadr a obtenu aux dernières élections législatives du 7 mars 39 sièges sur les 325 du nouveau Parlement, un score qui lui permet d'influer sur la formation du nouveau gouvernement. Devenu le premier parti religieux chiite d'Irak, le mouvement de Moqtada Sadr a fait récemment savoir qu'il rejetait les candidatures de Nouri Al Maliki et son rival laïque Iyad Allawi au poste de chef du gouvernement, la base du parti préférant un candidat de la mouvance religieuse chiite. La formation du nouveau gouvernement, qui traîne depuis plus d'un mois des législatives, a été au centre du prêche de la prière du vendredi à Kerbala, l'autre ville sainte chiite. Cheikh Abdel Mahdi Al Kerbalaï, représentant d'Ali Sistani, a en effet appelé les «blocs politiques à commencer des négociations sérieuses pour accélérer la constitution d'un gouvernement capable d'assurer la sécurité et la stabilité». L'imam a insisté sur la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, estimant que «l'exclusion d'une composante politique peut constituer une menace pour le processus politique et démocratique».