«La biométrie est bel et bien citée dans le Coran». Est-ce une manière de plus pour démontrer que la religion est au service de la Science? Peut-être. Pour sa part, et en usant d'un tel propos, le ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni voulait, quant à lui, battre en brèche tout l'argumentaire de ces pensées sclérosées selon lesquelles la technique d'identification électronique tel le passeport la CNI biométriques est attentatoire à la pratique religieuse dans son aspect prédéfini par le port du voile pour la femme et une barbe nourrie pour l'homme. Lors d'un point de presse qu'il a animé ce jeudi dans l'enceinte de l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf à Alger, Nourredine Yazid Zerhouni s'est montré non seulement très explicite sur le projet de passeport et de CNI biométriques actuellement en phase pilote en Algérie, mais aussi il a tenu à apporter des éclaircissements à des zones d'ombre et autres incompréhensions suscitées de son avis «par un tapage médiatique qui n'a été sans diffamer les propos officiels énoncés à ce sujet». Pas de reculade opérée par le ministère de l'Intérieur D'emblée, il s'agit d'un supposé revirement dans la position du ministère de l'Intérieur du fait d'un prétendu forcing exercé par les partis islamistes dénonçant l'obligation d'ôter la barbe et le voile de la femme pour obtenir le passeport biométrique. Balayant d'un revers de la main une telle polémique qui selon lui n'a pas du tout lieu d'être, Yazid Zerhouni soutient sans détour que la position du département de l'Intérieur et des collectivités locales est connue depuis 2006. «Nous n'avons opéré aucune marche arrière. Nous avons bien signifié dès le départ que pour la photographie du passeport biométrique, celle-ci doit couvrir le visage du sommet du crâne jusqu'à la base du menton. Nous n'avons à aucun moment exigé d'ôter le voile pour la femme et nous avons toujours plaidé que pour les hommes, il est conseillé vivement de se tailler la barbe afin d'éviter tout désagrément lors des contrôles au niveau des aéroports internationaux», a déclaré le ministre de l'Intérieur. Yazid Zerhouni persiste et signe sur le fait de ne point opérer la moindre reculade sur la question en affirmant que ces propos tels que réaffirmés lors de la conférence de presse de jeudi dernier remontent, de son avis, à octobre 2008 lors de l'inauguration de la daïra pilote d'Hussein dey à Alger et même plus loin dans le temps, lorsqu'en 2006, le ministre de l'Intérieur a été interrogé par un député siégeant à l'APN. «C'est aux responsabilités de l'Etat de défendre la dignité de ses citoyens», a encore affirmé Yazid Zerhouni lors de sa sortie publique de jeudi dernier. Pour mieux étayer ses propos, il ajoutera qu'avant le lancement du passeport et de la CNI biométriques en Algérie, «il a été procédé à une série de consultations, notamment avec des exégètes de la religion», informe le ministre de l'Intérieur qui citera au passage un des ces exégètes du nom de Cheikh Hammani. Une fois de plus, Zerhouni insiste qu'il n'y a point de revirement de position pour ce qui est des conditions d'obtention du passeport biométrique où il n'est pas question pour la femme voilée d'enlever complètement son voile mais seulement de faire apparaître son visage de la manière citée plus haut répondant aux normes exigées par l'Organisation de l'aviation civile internationale (Oaci). «Les personnes ne désirant pas se soumettre à ces conditions sont tout simplement responsables de leurs actes», avertit M. Zerhouni. A une question sur le parachèvement de la phase pilote de cette opération de passeport et de CNI biométriques, il expliquera d'abord que dans le sillage de cette opération, il été choisi dans chaque wilaya du pays une daïra, soit 541 au total dont les normes de sélection sont liées intiment au nombre de passeports déjà délivrés par ces celles-ci. Il précisera par la suite que cette phase pilote a été fixée par l'Oaci jusqu'à avril 2010, cependant et suite à une demande introduite par beaucoup de pays notamment européens, l'organisation de l'aviation civile a opté pour le prolongement de cette phase jusqu'au 24 novembre de la même année. Toujours est-il qu'après cette phase pilote, il sera procédé selon Zerhouni au lancement de la 3e phase qui est celle de la généralisation du passeport biométrique auprès des citoyens qui sera dès 2015 le seul document valable pour les déplacements à l'étranger. A une autre question sur l'enquête administrative préalable à la délivrance du passeport biométrique, Yazid Zerhouni répondra que «les demandeurs de ce document sont appelés à authentifier les renseignements fournis en présence d'un proche, ami ou collègue algérien n'ayant pas d'antécédents judiciaires pour faciliter et alléger les procédures de sa délivrance qui n'ira pas au delà d'un mois une fois ses conditions réunies». Dans le cas contraire, l'enquête administrative pourra durer jusqu'à 3 mois, a-t-il ajouté. Le ministre de l'Intérieur a tenu aussi d'informer que la phase pilote pour le passeport biométrique qui a succédé à la phase expérimentale, l'une comme l'autre se sont concrétisés sur le terrain par le biais «de jeunes algériens diplômés en informatique et avec les des moyens acquis auprès de la Gendarmerie nationale», a-t-il expliqué, écartant du fait le moindre apport étranger pour la consécration de ce projet. La lutte antiterroriste évolue favorablement Sur un autre volet, Yazid Zerhouni a soutenu que «la courbe de la lutte antiterroriste en Algérie évolue favorablement» et que celle-ci atteste selon lui d'une maîtrise de ce fléau criminel par l'ANP et les autres services de sécurité. Ces mêmes services, poursuit le ministre de l'Intérieur, «ont abattu une série d'émirs et arrêté beaucoup d'entre eux». Et d'ajouter : «Il y a eu des terroristes qui ont été tués à Aïn Defla, Tébessa et récemment à Sidi Bel Abbès. D'importantes quantités de munitions ont été récupérées». S'agissant de la situation sécuritaire en Kabylie, Yazid Zerhouni a indiqué que certains éléments terroristes tentent de fuir la région du fait de la pression exercée par les services de sécurité à leur encontre. Le représentant du gouvernement expliquera que pour ce qui est de l'attentat qui a coûté la vie à sept patriotes à Béjaïa, les services de sécurité s'affairent d'après lui à déterminer quant exactement il a été procédé à l'emplacement des mines qui ont explosé au passage des patriotes tués samedi dernier en fin d'après-midi. Aucun nom n'est retenu pour succéder à feu Ali Tounsi Questionné par la presse au sujet de la succession de feu Ali Tounsi assassiné dans son bureau par son collaborateur Chouaïb Oultache, actuellement en détention à la prison de Serkadji, Yazid Zerhouni a indiqué qu'aucun nom n'est retenu pour le moment. «L'officier Abdelaziz Affani est désigné pour le moment au poste de directeur général par intérim à la tête de la Dgsn. Vous connaissez tous son parcours et vous n'êtes pas sans ignorer que M. Affani a grandement contribué dans le cadre de la lutte antiterroriste», a répondu Zerhouni aux journalistes comme pour mette en valeur le choix judicieux de désigné M. Affani à la tête de la Dgsn. Du reste, le ministre de l'Intérieur a réitéré les mêmes propos dont il a déjà fait part à l'APN au sujet de l'assassinat d'Ali Tounsi, à savoir que «ce crime a été commis dans des circonstances où il y avait deux hommes, sans qu'il y ait de témoin présent dans le bureau».