Le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Nourredine Yazid Zerhouni, ne semble pas prêt d'oublier les propos indécents, en février dernier, du chef de la diplomatie française à l'endroit des dirigeants algériens. Bernard Kouchner, cet homme que l'on caricature dans beaucoup de milieux médiatiques hexagonaux sous le pseudonyme de «Monsieur sac de riz» avait en effet conditionné la normalisation des rapports tissés entre Alger et Paris par le passage au trépas de la génération de novembre qui est au pouvoir en Algérie. De tels propos outrageants s'inscrivent à contre-sens du cadre conventionnel de l'exercice de la diplomatie. Les Algériens se souviendront longtemps de cette algarade complètement déraisonnée par l'intermédiaire de laquelle Bernard Kouchner a tenté vainement d'offenser les dirigeants algériens. Saisissant l'opportunité d'une cérémonie de sortie de promotion d'inspectrices de la DGSN qu'a abritée, jeudi dernier, l'Ecole de police de Aïn Benian, Nourredine Yazid Zerhouni démontrera en filigrane que les propos qu'a tenus Kouchner à l'adresse des dirigeants algériens ne relèvent, au mieux, que de simples paroles en l'air n'ayant pas d'incidences sur l'avenir des relations algéro-françaises et, au pire, d'une pratique diplomatique de bas niveau. «Nous avons entendu des gens dire que lorsque la génération de la lutte de la Libération sera partie, les choses seront plus faciles. En tout cas, ce sera sans concession quant au patriotisme, à la volonté de se moderniser et de se développer», a déclaré ce jeudi Yazid Zerhouni. L'allusion ne souffre pas la moindre équivoque car les propos du ministre de l'Intérieur constituent bel et bien une réponse à ceux de Bernard Kouchner que Zerhouni classe aussi dans la catégorie de simples «gens». C'est là, assurément, une manière comme une autre de mettre l'accent sur le caractère irresponsable des propos du premier responsable de la diplomatie française. Auparavant, le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales dira, au sujet des 164 inspectrices qui venaient tout juste de rejoindre les rangs de la DGSN, que celles-ci «sont déterminées à veiller au respect de l'Etat de droit, incarnant l'Algérie qui avance et qui se modernise». En d'autres termes, Zerhouni voulait certainement matérialiser l'idée selon laquelle les Algériens sont fortement imprégnés des notions de patriotisme inspirées des valeurs de novembre, précurseur de l'émancipation du pays du joug du colonialisme. De plus, le patriotisme tel qu'évoqué par Zerhouni est aussi ce concept que véhiculent tout naturellement les Algériens dans leur ensemble de génération en génération.