Les habitants de la cité AADL de 1104 logements, dan la commune de Baba Hacen, n'arrêtent pas de souffrir des odeurs nauséabondes qui s'échappent des caves inondées et d'un oued d'eaux usées qui longe le quartier. L'AADL demeure sourde devant les doléances exprimées par l'association des copropriétaires. Parmi les résidents se trouvent d'anciens cadres de la présidence de la République. Au centre-ville de Baba Hacen, on les appelle «shab el oued» (les gens de l'oued). Ce n'est pas une plaisanterie, les habitants de la cité AADL de 1104 logements vivent réellement dans un quartier construit sur la rive d'un oued qui charrie les eaux usées du chef-lieu communal et des localités environnantes. Implantée dans une zone inondable, la cité demeure un chantier une année et demie après son inauguration. C'était en juillet 2008 que 300 familles ont pris possession de leurs logements. Les autres familles y ont été transférées durant l'été 2009. Trente-trois bâtiments, dont deux tours de 15 étages, ont été implantés nulle part. Les résidents, parmi lesquelles se trouvent d'anciens cadres de la présidence de la République, faisaient des pieds et des mains afin d'améliorer leur cadre de vie. Pour faire vite, ils ont créé une association baptisée Le flambeau, agréée fin 2009, mais qui ne dispose toujours pas de local. «Nous sommes complètement isolés», affirme à juste titre Mohamed Aktouf, président de l'association. C'est donc au nom de celle-ci que les résidents ont saisi par écrit, le 2 février 2010, le directeur général de l'AADL, demandant un rendez-vous en urgence «pour débattre des problèmes qui concernent (leur) cité». «Certains problèmes sont urgents et nécessitent des solutions adéquates et combinées», ont-ils noté dans leur demande. Malgré cet écrit, le bureau de l'association n'a pas été reçu. «La cité n'est toujours pas réceptionné par l'AADL», précise Kasmi Mouloud, secrétaire général de l'association. Cet état de fait est la cause de toutes les dérives, empêchant même les résidents de procéder eux-mêmes à des opérations dites «urgentes». Les représentants de la population s disent ignorés par les responsables de l'AADL sous prétexte que le site est loin des regards des autorités. Le mépris est tel qu'à chaque fois, à chaque revendication, les représentants du quartier doivent batailler pendant des mois. «Quand nous avons occupé les logements, en juillet 2008, il n'y a avait même pas d'eau. Ce sont les enfants qui doivent aller la chercher, après l'école, dans des jerricans. Cela a duré trois interminables mois», se rappelle M. Aktouf. D'autres batailles attendent d'être menées. Des situations urgentes Une fois dans la cité, la première chose qui dérange, ce sont les odeurs nauséabondes. Ça pue au point de vous donner des maux de tête. Comme partout ailleurs, les résidents de la cité de 1104 logements font face au problème des caves inondées. Prenant conscience du danger, l'association a demandé à l'APC de Baba Hacen, en date du 11 mars, la désaffection de ces endroits. «La période des grandes chaleurs approche très vite et les caves des immeubles sont toujours inondées. Certaines comptent jusqu'à 1,50 m d'eaux usées. Nous avons maintes fois saisi les responsables de l'AADL qui, jusqu'à l'heure actuelle, ne nous ont gavé que de promesses. Le véritable problème, c'est que pendant l'été, les moustiques piquent nos enfants et même les adultes. Ces piqûres s'infectent et donnent de la fièvre et nous avons même eu des cas d'hospitalisation», écrit le bureau de l'association. Dans sa requête, le bureau n'a pas tout dit au sujet de l'assainissement. En effet, non seulement les caves sont toutes inondées, mais parfois elles sont laissées à ciel ouvert. De grandes ouvertures donnent sur le sous-sol de certains immeubles à partir du rez-de-chaussée. Non protégées, ces ouvertures représentent un grand danger surtout pour les enfants jouant dans les alentours. Ils risquent de chuter dans la cave à la moindre inattention. De plus, les habitants souffrent des mauvaises odeurs qui montent de l'oued longeant la cité, à vingt mètres des premiers immeubles. Pis, le réseau d'assainissement d'une partie du quartier n'est pas relié à l'oued, comme c'est le cas de deux autres lots de bâtiments. Ainsi, les eaux usées continuent de circuler à l'air libre. En s'approchant de cet endroit, en plein jour, on entend d'interminables croassements de grenouilles nageant dans des mares d'eaux usées. Dans ses correspondances adressées à l'APC, à l'AADL ou à la wilaya déléguée de Draria, l'association insiste sur l'urgence de régler le problème de l'assainissement. Mais d'autres soucis sont autant d'urgences qui nécessitent un règlement. Il s'agit d'abord de la présence des eaux de source. Celles-ci traversent les immeubles et forment des mares à l'intérieur du quartier. Il s'agit aussi de la sécurité. Le chantier n'est pas clôturé de manière à aider la population à contrôler les accès. Il y a aussi le manque d'entretien. Dès l'entrée, le visiteur remarquera que les espaces verts sont livrés à la broussaille. Ici, l'association pointe du doigt les agents de l'AADL travaillant sur le site qui ne s'acquittent pas de leur tâche. Pour boucler la boucle, les femmes de ménage frappent aux portes et demandent de l'eau aux résidents afin de nettoyer ! «Les ascenseurs fonctionnent à 30% », estime M. Kasmi. A cause des fréquentes coupures d'électricité et du manque de civisme de certains locataires - ils les utilisent pour transporter des matériaux de construction -, les ascenseurs tombent souvent en panne. «A chaque coupure électrique, nous avons au moins une dizaine de personnes qui sont bloquées dans les ascenseurs», assure-t-on. Les ascenseurs ne disposent ni d'alarme ni de système d'alimentation autonome afin d'éviter qu'ils s'arrêtent entre deux étages. Les familles mettent continuellement leur vie en danger. Pour preuve, même les tours de 15 étages ne sont pas dotées de colonnes sèches qui servent à lutter contre les incendies. En cas de sinistre dans les étages supérieurs, les dégâts risqueraient d'être lourds, ajoute-t-on. Malgré toute la pression, l'association n'arrive pas également à pousser l'AADL à faire fonctionner la bâche d'eau qui n'est pas mise en service à cause d'un problème de raccordement (il manque un joint à l'installation !). Les malformations dans la construction sont légion. Les plus flagrantes sont sans doute les locaux commerciaux aménagés au rez-de-chaussée des bâtiments qui sont traversés par le réseau d'assainissement, ce qui rend impossible leur exploitation. Les membres de l'association ne comprennent pas pourquoi l'AADL ne répond pas à leurs doléances à temps. Pourtant, quand on veut, on peut. En prévision d'une visite du site par le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, en avril 2009, l'agence y a aménagé un stade de proximité en… trois jours !